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Compagnonnage des étudiants en médecine

Le compagnonnage des étudiants en médecine par les médecins libéraux pourrait résoudre une problématique majeure du système de santé en France : l’attractivité déclinante de l’exercice libéral pour les jeunes médecins. Malgré une formation universitaire longue et rigoureuse, les étudiants ont peu d’occasions de découvrir le quotidien des médecins libéraux. Ainsi, cela limite leur compréhension des perspectives de carrière. Pourtant, la médecine libérale est essentielle pour assurer une offre de soins de proximité. Cependant, elle attire peu les jeunes diplômés, du moins au début de leur carrière. Le compagnonnage serait-elle une clé pour inciter les étudiants en médecine à exercer en libéral ?

Un contexte qui nécessite un changement

En France, la formation des médecins, bien qu’exhaustive sur le plan théorique, présente des lacunes importantes en matière d’immersion dans le monde de la médecine libérale. En 2007, seulement 9,8% des jeunes médecins inscrits au Conseil national de l’ordre des médecins ont choisi l’exercice libéral dès la fin de leurs études. Après cinq ans de pratique, ce chiffre augmente à 35%. Ce décalage montre que l’exercice libéral finit par séduire les médecins, mais trop tardivement. Pourquoi ce mode d’exercice, si essentiel au système de santé, attire-t-il si peu les jeunes diplômés ?

Le problème vient en partie du cursus actuel. Les stages d’externat, qui pourraient permettre de découvrir la médecine libérale, sont rares, voire inexistants. Les stages d’internat, qui durent six mois, se limitent principalement aux cabinets de médecins généralistes dans une filière universitaire spécifique. De plus, le cadre rigide des Diplômes d’Études Spécialisées (DES) décourage les médecins libéraux de devenir maîtres de stage universitaires (MSU). Cela réduit encore davantage les opportunités pour les étudiants de se familiariser avec la médecine libérale.

Les enjeux : rendre l’exercice libéral plus attrayant

Il faudrait repenser la formation des médecins pour inclure la diversité des pratiques, notamment la médecine libérale. Renforcer l’attractivité de l’exercice libéral est indispensable pour garantir un maillage territorial équilibré et offrir aux étudiants une vision concrète des carrières possibles.

Les étudiants en médecine doivent être en mesure de choisir leur mode d’exercice en connaissance de cause. Cela nécessite une meilleure connaissance de la médecine libérale dès les premières années d’études. Les futurs médecins doivent comprendre toutes les possibilités qui s’offrent à eux pour prendre des décisions éclairées sur leur avenir professionnel.

Les limites du cursus actuel

Actuellement, le cursus manque d’opportunités pour découvrir la médecine libérale. Bien que l’Examen Classant National (ECN) soit une étape clé pour l’orientation des étudiants, il ne prend pas suffisamment en compte l’expérience pratique. Par conséquent, de nombreux étudiants se retrouvent mal préparés à choisir leur spécialité ou leur mode d’exercice. L’apprentissage de la coordination en équipe, essentiel dans la pratique médicale, se fait trop peu sur le terrain, ce qui limite la capacité des jeunes médecins à travailler efficacement avec d’autres professionnels de santé.

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Et si le compagnonnage des étudiants en médecine était une solution ?

Le compagnonnage des étudiants en médecine par des médecins libéraux est une solution innovante et adaptée à ces enjeux. Ce système de mentorat permettrait aux étudiants d’être accompagnés tout au long de leur formation par un médecin libéral expérimenté. Cette approche, à la fois humaine, médicale et technique, offrirait aux futurs médecins une immersion précieuse dans la médecine de ville. Elle leur permettrait de découvrir les nombreuses possibilités d’exercice, tout en bénéficiant d’un soutien et d’une guidance précieuse.

Comment fonctionne le compagnonnage ?

Le compagnonnage associe chaque étudiant en médecine, dès la deuxième année, à un médecin libéral qui deviendra son mentor. Ce « parrain », volontaire et exerçant depuis au moins trois ans, accompagnera l’étudiant dans son apprentissage médical et son évolution professionnelle. Une charte éthique régira cette relation, mettant l’accent sur le respect mutuel, la confraternité, la bienveillance et la solidarité.

Le compagnonnage se déroulera pendant la période d’apprentissage théorique de l’étudiant. Au début, l’étudiant observera et découvrira la réalité de la médecine libérale, avec peu de responsabilités. Ces dernières augmenteront progressivement au cours du cursus. Après la sixième année, ce lien pourrait se poursuivre jusqu’à l’installation du jeune diplômé, offrant un soutien précieux durant cette phase cruciale.

Intégrer le compagnonnage dans le cursus universitaire

Pour intégrer le compagnonnage dans le cursus universitaire, il faudra repenser l’organisation des échanges entre étudiants et mentors. Ces contacts devront être réguliers et prolongés pour être efficaces. Cependant, cela pose des défis logistiques, notamment en termes de mobilité et de logement pour les étudiants, qui devront parfois se déplacer loin de leur université.

Un partenariat avec des structures locales, comme les maisons de santé pluridisciplinaires, pourrait faciliter l’hébergement des étudiants durant leurs périodes de compagnonnage. De plus, des accords avec des organismes de transport, comme la SNCF, pourraient rendre ces déplacements plus aisés.

Réformer l’Examen Classant National (ECN)

Afin que le compagnonnage soit pleinement intégré au parcours des étudiants, l’ECN devra être réorganisé. L’évaluation pourrait se baser non seulement sur les résultats des stages, mais aussi sur un examen en salle. Cela permettrait de mieux refléter les compétences pratiques acquises par les étudiants. Ainsi, les étudiants pourraient choisir leur spécialité en fonction de leur véritable vocation, et non selon des critères purement théoriques.

Quels sont les avantages du compagnonnage ?

Le compagnonnage présente des avantages multiples pour les étudiants, le système de santé, et les médecins mentors eux-mêmes.

Étudiants en médecine : choix d’une orientation plus éclairé

Les étudiants bénéficieraient d’un choix d’orientation plus éclairé, en développant leur projet professionnel de manière réfléchie. Ils reconnaîtraient également la dimension sociale de la médecine libérale, qu’ils ne peuvent percevoir qu’en étant sur le terrain. Le compagnonnage leur permettrait de développer une relation privilégiée avec un professionnel expérimenté, un soutien précieux lors de leur entrée dans la vie active.

L’immersion chez un médecin libéral leur apporterait des compétences clés : gestion des urgences, organisation des gardes et prise de décisions incertaines. Ils découvriraient aussi la gestion d’une entreprise, absente du cursus universitaire mais essentielle en libéral. Le compagnonnage leur offrirait enfin une meilleure compréhension des relations conventionnelles, des aspects financiers et des échanges avec la CPAM, les URPS ou les ARS.

Système de santé : renforcement du maillage territorial

Le système de santé bénéficierait d’un renforcement du maillage territorial, en facilitant l’installation des jeunes médecins dans des zones sous-dotées. Il renforcerait la coordination des soins en introduisant dès la formation le travail en équipe. Il améliorerait aussi la formation des futurs médecins grâce aux échanges avec les praticiens, favorisant une mise à jour continue des connaissances. Cette approche permettrait une meilleure prise en charge des patients en optimisant leur parcours de soins et le lien ville-hôpital.

Médecins libéraux : enrichir la pratique professionnelle

Les médecins libéraux qui deviennent mentors bénéficieraient eux aussi du compagnonnage. Cela enrichirait leur pratique professionnelle, en leur donnant l’occasion de confronter leurs connaissances à celles des étudiants. Ce rôle de mentor renforcerait leur confiance, aiderait à prévenir le burn-out en diversifiant leurs activités et en favorisant le contact social. Ainsi, le compagnonnage apporterait aussi une dimension humaine en impliquant les médecins dans la formation des futurs praticiens.

Compagnonnage : une réforme indispensable pour l’avenir de la médecine en France

Le compagnonnage des étudiants en médecine par des médecins libéraux est essentiel pour relever les défis du système de santé. En leur faisant découvrir la médecine libérale dès le début de leur formation, il renforcerait l’attractivité de ce mode d’exercice, garantirait un maillage territorial équilibré et améliorerait la qualité des soins. Pour réussir, cette réforme doit inclure des partenariats locaux et des ajustements du cursus universitaire, notamment sur l’ECN. Avec ces mesures, le compagnonnage pourrait devenir un pilier de la formation médicale, assurant l’avenir de la médecine libérale et du système de santé.

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