Prévention de la santé à l’école

Parler d’amour, de respect et de sexualité avec les jeunes devrait être naturel, mais ce n’est pas toujours simple. En place depuis septembre 2025, le programme EVARS devient un outil clé pour les sensibiliser à leur santé. Dans les déserts médicaux, où les spécialistes manquent, l’école joue un rôle déterminant en offrant un lieu de prévention, de dialogue et d’accompagnement.

Au-delà de la sexualité, le programme EVRAS agit aussi sur la santé mentale des jeunes. En favorisant l’expression des émotions, le respect de soi et des autres, il contribue indirectement à la prévention du mal-être et du suicide. Conçu comme un programme global d’éducation à la santé et au bien-être, il aborde la vie relationnelle, affective et sociale dans toutes ses dimensions.

EVARS : un programme national du primaire au lycée

Le programme national d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS), s’adresse à tous les élèves, de la maternelle au lycée. Il vise à promouvoir des relations respectueuses, l’égalité entre les sexes, à prévenir le harcèlement, les discriminations et toutes les formes de violences, y compris sexistes et sexuelles. Le programme repose sur trois séances annuelles obligatoires pour chaque niveau. 

  • Dans le 1er degré (maternelle et élémentaire) : l’accent est mis sur la vie affective et relationnelle, le bien-être, le respect des autres et la prévention des violences.
  • Dans le 2d degré (collège et lycée) : les thématiques incluent en plus l’éducation à la sexualité, la prévention des IST, la compréhension du consentement et la lutte contre les stéréotypes. 

Trois axes structurent le programme :

  • Se connaître et vivre sereinement avec son corps
  • Construire des relations respectueuses et épanouissantes
  • Trouver sa place dans la société en étant libre et responsable.

L’éducation à la santé à l’école prend une nouvelle dimension. Elle propose aux élèves des repères fiables sur leur corps, leurs droits et leur bien-être. C’est un outil précieux pour transmettre des messages adaptés aux jeunes, surtout en situation de vulnérabilité ou de fragilité mentale.

Prévention santé et IST : agir avant le début de la vie sexuelle

En France, les infections sexuellement transmissibles (IST) sont en forte hausse. Parmi elles, la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis, d’origine bactérienne, connaissent une progression préoccupante. 

  • Selon les données de Santé publique France, en 2023, l’âge médian des personnes diagnostiquées pour une infection à Chlamydia trachomatis était de 24 ans, avec une médiane de 26 ans chez les hommes et de 21 ans chez les femmes. Les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont particulièrement touchées par cette infection
  • En ce qui concerne les infections à gonocoque, les données indiquent que l’âge médian des personnes diagnostiquées est de 28 ans, avec des classes d’âge particulièrement touchées chez les femmes de 20 à 30 ans et chez les hommes de 20 à 40 ans
  • Pour le VIH, bien que les données spécifiques aux jeunes ne soient pas disponibles, le nombre de nouvelles contaminations reste élevé. En 2023, environ 5 500 nouvelles personnes ont été diagnostiquées avec le VIH en France.

Ces chiffres montrent l’importance d’une prévention dès le collège et au lycée, avant le début de la vie sexuelle active. La sexualité reste taboue dans certaines familles. Tous les jeunes n’ont pas l’occasion de discuter librement de contraception, d’IST ou de consentement. Certains se tournent vers le planning familial.

De plus, l’exposition aux écrans et aux contenus en ligne favorise des comportements sexuels à risque : échanges de contenus intimes, mésinformation sur la contraception ou la protection contre les IST, rapports précoces ou non protégés. L’EVARS donne aux jeunes les clés pour se protéger, comprendre le consentement et poser des questions dans un cadre sûr.

Sida et IST

Santé mentale des jeunes : l’EVARS, un levier de prévention

La santé mentale des jeunes est une urgence nationale. Selon la Cour des comptes, près de 1,6 million d’enfants et d’adolescents souffrent aujourd’hui de troubles psychiques. Pourtant, le nombre de pédopsychiatres a chuté de 34 % entre 2010 et 2022.

Aujourd’hui, la France compte environ 700 spécialistes. À titre de comparaison, le pays compte environ 13 500 psychiatres, un effectif insuffisant face aux besoins de la population. Dans le même temps, le nombre d’enfants suivis en psychiatrie infanto-juvénile a augmenté de plus de 60 % en vingt ans. 

Dans ce contexte marqué par une pénurie de spécialistes en pédopsychiatrie, l’EVARS ouvre un espace de parole et de sensibilisation directement à l’école. Aborder le harcèlement, le mal-être ou la gestion des émotions dans un cadre éducatif permet aux élèves de mettre des mots sur leurs difficultés. Ces temps d’échanges pourront briser des tabous et inciter les jeunes à demander de l’aide, voire de renforcer la solidarité entre-eux. Une première étape indispensable pour que les jeunes en souffrance ne restent pas seuls face à leurs problèmes.

Quelques chiffres clés sur la santé mentale des jeunes : 

  • Selon l’enquête EnCLASS (2018-2022, près de 10 000 collégiens/lycéens), 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression.
  • 24 % des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois.
  • Selon Ipsos, 40 % des adolescents sont touchés par des symptômes dépressifs plus ou moins sévères, et 17 % auraient des symptômes modérément sévères à sévères.

Un appui pour les professionnels de santé

En intégrant ces enseignements dans le parcours scolaire, l’État a mis en place un outil de prévention pouvant soutenir les professionnels de santé : 

  • Les enseignants et personnels éducatifs deviennent des relais d’information, ce qui permet de réduire le temps avant qu’un jeune sache où et quand demander de l’aide.
  • Dans des territoires où un rendez-vous en pédopsychiatrie peut être très long ou distant, les séances EVARS agissent comme un premier déclencheur de dialogue, voire de signalement.
  • Elles contribuent à diminuer la charge de prévention qui pèse déjà sur des praticiens débordés, en particulier pour les IST, le harcèlement ou les violences.

>>> Lire l’article : Santé mentale, cyberharcèlement et jeunes en souffrance

Prévenir pour réduire les inégalités territoriales

Certes, le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ne peut se substituer à une consultation médicale. Cependant, il offre aux jeunes une ouverture et des connaissances solides pour prendre soin de leur santé. En ce sens, l’EVARS contribue à réduire certaines inégalités en matière d’accès à la prévention. 

Les campagnes de prévention en santé sont moins diffusées dans les zones rurales. Les jeunes vivant en milieu urbain sont plus enclins à être touchés les messages diffusés lors d’événements ou d’affichages urbains. Le programme de l’Éducation nationale a donc un rôle complémentaire. Il permet également de soutenir les professionnels de santé dans leur mission de prévention. 

Pour sensibiliser, il est aujourd’hui plus que nécessaire de créer des environnements d’information. Ainsi, de la ville à la campagne, la jeune génération peut acquérir les savoirs nécessaires pour se protéger, prendre soin de soi et respecter les autres.

Affiche santé mentale jeune

>>> Lire l’article : Santé mentale et déserts psychiatriques

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