Les médecins se mobilisent !
Une récente enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) met en évidence le constat alarmant partagé par près de 80% des généralistes libéraux selon lequel l’offre de médecine générale est insuffisante dans leur territoire d’exercice. Cette insuffisance de l’offre est en constante augmentation, avec une hausse notable du nombre de médecins jugeant l’offre très insuffisante. Les projections démographiques confirment que la densité de généralistes continuera de diminuer dans les années à venir.
Différentes mesures
Face à cette demande croissante de soins, les généralistes mettent en place différentes stratégies pour s’adapter. Selon l’enquête de la Drees, 98% des médecins ont adopté au moins une mesure d’adaptation. Parmi ces mesures, on retrouve :
- L’allongement des journées de travail au-delà de ce qu’ils souhaiteraient ;
- L’augmentation des délais de rendez-vous ;
- Le refus de nouveaux patients en tant que médecin traitant ;
- Une prise en charge moins fréquente des patients chroniques ;
- La délégation de certaines tâches à d’autres professionnels de santé ;
Des difficultés apparentes
Les difficultés d’orientation des patients vers d’autres spécialités médicales ou paramédicales sont également soulignées. Les généralistes rencontrent des obstacles pour orienter leurs patients vers des confrères spécialistes ou des professionnels paramédicaux. Cela complique leur travail ainsi que la prise en charge des patients. Les jeunes praticiens sont plus enclins à s’adapter que leurs confrères plus âgés. De même pour ceux ayant un volume d’activité plus élevé. Les médecins exerçant dans des zones moins bien dotées en généralistes sont également plus enclins à adapter leur pratique.
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Quelques chiffres !
En analysant les données, la Drees a identifié trois profils distincts parmi les médecins généralistes en fonction de leurs stratégies d’adaptation à la demande de soins et à la démographie locale. Le premier profil regroupe environ 20% des médecins. Il se caractérise par une adaptation variée, notamment en déléguant certaines tâches à des professionnels tels que les assistants médicaux ou les paramédicaux. Le deuxième profil, représentant 35% des médecins, adopte également différentes modalités d’adaptation, mais sans recourir à la délégation. Enfin, le troisième profil, composé de 45% des médecins, met en place peu ou pas de mesures d’adaptation.
Les données montrent que les médecins généralistes de moins de 50 ans ont tendance à s’adapter davantage que leurs confrères plus âgés, avec une moyenne de 4,4 mesures d’adaptation mises en œuvre, contre 3,8 pour les médecins âgés entre 50 et 59 ans et 3,4 pour ceux de 60 ans ou plus. De plus, les praticiens ayant un volume d’activité plus élevé, mesuré par le nombre de consultations et de visites, adoptent également plus de mesures d’adaptation, avec une moyenne de 4,1 mesures.
Les stratégies d’adaptation
Il n’est pas surprenant de constater que les médecins qui exercent dans les zones les moins pourvues en généralistes s’adaptent davantage que ceux travaillant dans des territoires mieux dotés. De même, les médecins exerçant au sein de groupes pluriprofessionnels ou monoprofessionnels ont tendance à mettre en place plus de mesures d’adaptation que ceux qui travaillent en solo.
L’étude révèle également que les médecins qui adaptent le plus leur pratique sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés. Cela peut être due à la démographie médicale dans leur zone d’exercice. Cette corrélation suggère que ces professionnels font preuve d’une plus grande flexibilité pour faire face à la demande de soins croissante.
En conclusion, les résultats de cette enquête mettent en lumière les défis auxquels sont confrontés les médecins généralistes pour répondre à la demande croissante de soins. Face à une offre de médecine générale jugée insuffisante dans de nombreuses régions, les praticiens sont contraints d’adopter diverses stratégies d’adaptation afin de faire face à cette situation. Ces stratégies varient en fonction :
- De l’âge ;
- Du volume d’activité ;
- De la démographie médicale locale ;
- De l’organisation de leur pratique ;
Il est essentiel de prendre en compte ces données. Cela permet de mieux comprendre les dynamiques de l’offre de soins en médecine générale afin d’élaborer des politiques de santé adaptées. Les résultats de cette enquête pourraient servir de base à des initiatives visant à soutenir les médecins généralistes dans :
- Leur pratique quotidienne ;
- En encourageant la délégation de certaines tâches ;
- En favorisant la collaboration interprofessionnelle ;
- En mettant en place des mesures incitatives pour encourager l’installation de nouveaux médecins dans les zones sous-dotées ;
Il est également important de reconnaître les efforts des médecins généralistes qui s’adaptent en dépit des contraintes et des difficultés auxquelles ils sont confrontés. Leur engagement à fournir des soins de qualité dans un contexte parfois difficile doit être valorisé et soutenu.
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