Bilan 2025 des déserts médicaux

Fin d’année oblige, l’heure du bilan à sonner ! Pour ne pas déroger aux traditions, on s’est dit qu’un « bilan déserts médicaux 2025 » trouverait bien sa place ici. Cependant, pas question de sombrer dans la morosité. Comme le sourire est essentiel dans la prévention d’une bonne santé, nous avons choisi de dresser ce bilan sur un ton décalé, bienveillant et empreint de vérité. C’est notre manière d’exprimer notre engagement dans lutte contre les inégalités territoriales, tout en dédramatisant la situation, sans jamais en minimiser la gravité. 

2025, fut une année rythmée par des mesures, des débats et des coups de gueule. Entre annonces ambitieuses, plans de sauvetage et territoires en attente de professionnels de santé, la France ressemble à un patient en rééducation : pleine de bonne volonté, mais encore un peu bancale.

Voici, en 6 points, notre bilan 2025, qui peut faire sourire, grincer des dents et réfléchir tout à la fois.

1. 5 000 maisons “France Santé”, d’ici 2027

En septembre 2025, le premier Ministre Sébastien Lecornu, a annoncé la création d’un réseau de 5 000 maisons “France Santé” pour garantir à chaque citoyen un accès à un médecin à moins de 30 minutes. 

Une annonce ambitieuse, porteuse d’espoir pour les 30,2% de Français vivant dans un désert médical mais entourée de flou artistique. La France compte plus de 2 500 maisons de santé, dont beaucoup peinent à trouver leur médecin généraliste

Finalement, on pourrait dire que l’immobilier médical se porte bien mais la médecine manque de locataires !

2. La missions de solidarité : deux jours qui fond débat

Le Pacte contre les déserts médicaux, lancé au printemps 2025, prévoit que les médecins libéraux consacrent deux jours par mois à des consultations dans les zones prioritaires. 

Partager les ressources, tisser du lien, compenser les inégalités : pourquoi pas ! C’est un geste de solidarité territoriale mais en réalité, est-ce applicable ? Entre “obligation morale” et “mission citoyenne”, chacun y voit sa définition du dévouement. Mais, entre la paperasse, les trajets et les plannings saturés, beaucoup de praticiens se demandent quand ils trouveront… les deux jours pour le faire. 

3. Les 151 zones rouges : quand la France vire au carmin

Le ministère de la Santé a identifié 151 zones prioritaires pour la mise en œuvre de la mission de solidarité volontaire des médecins libéraux : les “zones rouges”, là où l’accès aux soins est le plus critique.

6,7 millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Les déserts médicaux ne sont plus conjoncturels mais structurels et deviennent un état permanent. C’est déjà une réalité en Guyane ou Mayotte, où les inégalités s’accumulent, dans la santé, mais aussi dans presque tous les autres domaines. 

Pendant ce temps, dans l’Hexagone, les élus locaux rivalisent d’ingéniosité pour (se) manifester et trouver leur médecin : un panneau “Médecin recherché” à l’entrée du village, une prime d’installation, un logement offert parfois même avec une superbe piscine !

Les solutions locales ne remplacent pas une stratégie nationale capable de revitaliser les territoires dans leur globalité. À force de s’habituer au rouge, on finit par oublier ce que veut dire « urgence ». 

4. Téléconsultation : quand l’écran remplace le cabinet

En 2025, la téléconsultation s’impose comme un pansement numérique. Pratique, oui. Satisfaisant ? Pas toujours. Selon les derniers chiffres, 42 % des Français y ont eu recours au moins une fois en 2024, soit plus de 14 millions d’actes. Un outil précieux pour faciliter l’accès aux soins mais qui ne remplace pas la médecine de terrain.

Tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne : zones blanches, connexions aléatoires, patients peu familiers avec l’outil… la fracture numérique se mêle à la fracture médicale. La téléconsultation a ses vertus et ses limites. Elle remplace parfois le médecin pour son patient tout en rappelant qu’un écran, aussi haute définition soit-il, ne vaut pas une présence humaine. La téléconsultation n’est pas équivalente à la consultation !

>>> Lire l’article : Mythes ou réalité : tout sur la téléconsultation

5. Mayotte : quand le désert devient tempête

Depuis le passage du cyclone Chido en décembre 2024, Mayotte est devenue le symbole des inégalités territoriales : hôpital partiellement détruit, manque de personnel, pénurie de médicaments, et une population de plus en plus vulnérable. Sur l’île, le désert médical n’est pas une métaphore, c’est une réalité quotidienne.

Selon l’INSEE, Mayotte comptait en 2023 89 médecins pour 100 000 habitants, contre plus de 330 dans l’Hexagone. Les conséquences sont lourdes : une mortalité plus élevée dans plusieurs tranches d’âge et une mortalité infantile de 9,6 ‰, contre 3,8 ‰ en France hexagonale. 

Malgré la chaleur, les plages paradisiaques et la barrière de corail, Mayotte peine à attirer les médecins. Les autorités locales vantent le cadre de vie, mais tant que l’insécurité, le coût de la vie et les tensions sociales ne seront pas traités, l’île restera isolée.

Le 13 février 2025, le député Guillaume Garot a déposé une proposition de loi pour réguler l’installation des médecins dans les zones déjà bien dotées. Adopté en première lecture le 7 mai, le texte, encore en discussion, vise à mieux répartir les praticiens sur le territoire.

6. Réguler l’installation des médecins

La liberté d’installation, pilier de la médecine libérale, serait-elle en péril ? Imposer une contrainte dans un contexte de pénurie généralisée, c’est risquer de répartir la rareté plus que de la résoudre. La coercition n’a jamais suscité la vocation : à force de vouloir encadrer, on risque de décourager ceux qu’on espérait attirer. Chez DOCNDOC, nous sommes convaincus : on ne soigne pas mieux en imposant plus.

>>> Lire la Tribune du Dr Pascale Karila-Cohen, fondatrice de DOCNDOC

Ironie, patience et ordonnance collective

2025 aura confirmé que la santé publique française reste une affaire de persévérance. Les discours se multiplient et les plans s’empilent. En attendant, sur le terrain, les habitants continuent d’espérer et les soignants de s’accrocher.

Chez DOCNDOC, on garde le sourire, pas par légèreté, mais par lucidité. Toute l’année, nous soutenons les collectivités territoriales, accompagnons les professionnels de santé dans leur projet d’installation ou de remplacement, et sensibilisons le grand public à l’importance de prendre soin de soi.

Tant qu’il y aura des soignants, des patients… et un peu de lucidité, DOCNDOC continuera à s’engager fièrement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *