La télémédecine : activité en croissance exponentielle depuis le début de la crise sanitaire COVID-SARS 19
Le début de la courbe de croissance de la téléconsultation
Le mardi 17 mars, le confinement national est déclenché. Après une quinzaine de jours d’organisation «chacun chez soi», les patients se sont tournés de façon massive vers la télémédecine. 1 million d’actes ont été enregistré la dernière semaine de mars 2020. Il est évident que la téléconsultation permet d’éviter les contacts directs entre patients dans les salles d’attente des médecins généralistes et les médecins spécialistes, ce qui a permis de faire face, de façon efficace, à la propagation virale. On constate également que les médecins généralistes et les médecins spécialistes se sont très rapidement adaptés à la situation dans leur cabinet en organisant 2 circuits distincts pour les patients suspects de Covid et les autres.
Le docteur Patrick Bouet, président du conseil national de l’Ordre des Médecins, demandait depuis début mars une large ouverture de l’accès à la téléconsultation pour les médecins généralistes et les médecins spécialistes. Les présidents des différentes conseils d’ordre professionnels ont fait de même (masseurs kinésithérapeutes, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens).
Dans le cadre de cette crise sanitaire, et de l’urgence causée par la contagiosité du virus, cet appel a été entendu par le gouvernement.
Décret n° 2020-227 du 9 mars 2020 « adaptant les conditions du bénéfice des prestations en espèces d’assurance maladie et de prise en charge des actes de télémédecine pour les personnes exposées au Covid-19 », décret n° 2020-277 du 19 mars 2020 « modifiant le décret n° 2020-73 du 31 janvier 2020 portant adoption de conditions adaptées pour le bénéfice des prestations en espèces pour les personnes exposées au coronavirus », et arrêté du 23 mars 2020 « prescrivant les mesures d’organisation et de fonctionnement du système de santé nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire ».
Décollage de la courbe de téléconsultation
Dès le 23 mars, la téléconsultation a été remboursée à cent pour cent, même si le patient n’allait pas consulter son médecin traitant.
De plus, la téléconsultation n’est plus réservée aux médecins généralistes et aux médecins spécialistes libéraux, conventionnés, mais aussi aux médecins salariés exerçant dans un établissement privé.
Cette nouvelle pratique, toujours en vigueur à ce jour, a permis une augmentation exponentielle des téléconsultations, non seulement pour les médecins généralistes mais également pour les médecins spécialistes (en particulier les médecins dermatologues, gynécologues et psychiatres).
Chaque patient peut demander une téléconsultation par une prise de rendez-vous en ligne ou en téléphonant à n’importe quel praticien disponible. Il n’est plus dans l’obligation d’avoir consulté le médecin choisi pour la téléconsultation dans les 12 mois précédents.
Il existe trois nouvelles dérogations autorisées à la téléconsultation :
- les patients devant une consultation d’urgence (le 15 reste la référence)
- les patients en EHPAD
- les patients en détention
Il y a plusieurs avantages à ces nouvelles dispositions : – la continuité de soins chez les patients fragiles – la facilitation du parcours de soins pour les patients âgés – le suivi des maladies chroniques
Ces mesures ont été très utiles, en particulier dans les zones de désert médical.
L’accès à la téléconsultation est plus efficace si il suit le principe de territorialité de la réponse à une demande de soins.
La télémédecine ancrée dans les mœurs et les pratiques?
Les médecins généralistes, les médecins spécialistes et autres professionnels de santé se posent la question. En effet, les épisodes à rebonds de la contagiosité du virus donnent raison à la téléconsultation. D’autant plus, que les territoires d’outre-mer, souvent en zone de désert médical, ont des patients qui peuvent bénéficier de la téléconsultation par des praticiens métropolitains, en cas de surcharge de demande. Attention toutefois à la qualité de la téléconsultation d’une part, et à la qualité de l’échange par visioconférence d’autre part.
En métropole et en outre-mer, il persiste des zones blanches sans réseau, défavorisant les patients pour l’accès aux soins.
Le remboursement intégral des téléconsultations par l’assurance-maladie était prévu par le gouvernement jusqu’au 10 juillet. La reprise de l’activité virale entraine une prolongation des remboursement à 100% jusqu’au 31 décembre 2020.
Rester humain avec la téléconsultation
La téléconsultation doit rester un outil ponctuel d’aide au parcours de soins et au suivi des patients présentant des maladies chroniques, et des patients âgés ou isolés. Elle doit se pratiquer dans un cadre règlementé, avec une déontologie fiable.
La consultation en cabinet, auprès du patient reste la règle première de la déontologie médicale, et du serment d’Hippocrate.
Rester crédible avec la téléconsultation
Plusieurs opérateurs proposent la téléconsultation. Comme tout accès par le biais d’internet, les patients doivent rester vigilants sur la qualité de la téléconsultation, de l’opérateur, et des conseils donnés. Il faut bien faire la différence entre un avis, un conseil et une consultation.
Un avis peut être proposé par n’importe quel opérateur, ayant comme consultant des médecins. Mais il n’est pas obligatoirement donné par un médecin.
Un conseil, également proposé par toute personne, médecin généraliste ou spécialiste compris, ne propose pas une ordonnance au décours.
La consultation doit se faire de visu, dans un endroit calme et confidentiel, pour se mettre dans les conditions les plus proches possibles du cabinet de ville. La consultation se déroule obligatoirement par et avec un médecin généraliste ou spécialiste. Certains internes et certains médecins remplaçants peuvent également faire de la téléconsultation. La téléconsultation est également proposée par les masseurs kinésithérapeutes, les sages-femmes et les pharmaciens. Si c’est nécessaire, une ordonnance est prescrite. La téléconsultation est remboursée par la sécurité sociale à 100 %.
Le conseil est de bien connaître l’opérateur avec lequel travaille le médecin et faire la part des choses entre un avis, un conseil et une téléconsultation.
En résumé, 81 % des téléconsultations ont été réalisées par des médecins traitants auprès de leurs patients, ce qui reste dans les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS).
En avril 2020, 56 000 médecins ont eu accès à la téléconsultation. Plus de 50 % d’entre eux ont persisté. En avril 2020, 4,52 millions de téléconsultations ont été enregistrées par la caisse d’Assurance Maladie.Source : Caisse nationale d’assurance maladie