COVID-19 : Tout savoir sur la pratique du TROD en officine

Au Journal Officiel du mardi 11 août 2020, l’arrêté publié note la liste des professionnels de santé autorisés à participer à la réalisation de la détection de l’ARN du COVID-19 par RT-PCR au sein de laboratoires de biologie médicale.

Les officines françaises sont, elles, autorisées à réaliser des TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) sérologiques, et ce pour une durée déterminée. Elles jouent également un rôle important dans l’effort pour évaluer le niveau d’immunité collective de la population française. Cette démarche vise à valoriser le rôle du pharmacien dans les politiques de prévention et de dépistage. Les pharmaciens viennent également d’être autorisés à pratiquer des TROD antigéniques, mais dans certaines conditions uniquement.

Les assistants d’officine et internes-stagiaires en pharmacie habilités à pratiquer des TROD

Ce texte élargit l’arrêté du 10 juillet autorisant les pharmaciens à les pratiquer. L’arrêté du 10 juillet présentait des mesures générales pour faire face à la pandémie COVID-19 permettant en particulier aux médecins hospitaliers et libéraux (généralistes et spécialistes et aux internes remplaçants) et aux pharmaciens d’officine de réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique (surnommés TROD) par prélèvement d’une goutte de sang par ponction de la pulpe du doigt (détection capillaire) et détection d’anticorps contre le coronavirus SARS-COV-2.

Depuis juillet 2020, les assistants d’officines, les internes-stagiaires en pharmacie (et sous la responsabilité du titulaire d’officine) et les préparateurs en pharmacie sont également autorisés à utiliser des TROD par prélèvement capillaire, pour la détection d’anticorps COVID-19.

Comment fonctionne ce dispositif ?

Techniquement, le pharmacien procède à un prélèvement de sang capillaire, qu’il met en contact avec un réactif. Une dizaine de minutes plus tard, on obtient un résultat.

La HAS décrit qu’“en cas de résultats positifs, le résultat devra toujours être confirmé par un test sérologique réalisé en laboratoire de biologie médicale, et qu’en cas de résultats négatifs, une confirmation par sérologie réalisé en laboratoire de biologie médicale devra être transitoirement encouragée“.

Prescrite par le médecin, systématiquement informé de la situation, une prise de sang complémentaire devra alors permettre de mesurer la réponse immunitaire. Une analyse virologique pourra également être recommandée. A noter : cette autorisation exceptionnelle pour les pharmaciens devait s’achever à la fin du mois d’octobre, mais en fonction de l’évolution de la situation, elle pourrait être prolongée.

Des tests à effectuer sous la responsabilité d’un médecin

Cet arrêté de mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de COVID-19 est valable dans les territoires sortis de l’état d’urgence sanitaire et dans ceux où l’état d’urgence a été prolongé. Sous la responsabilité des médecins (concerne les médecins traitants, les médecins de médecine générale et les spécialistes ainsi que les internes et les remplaçants) et selon les recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS), ces autorisations de prélèvement existent depuis la mi-juin !

Dans quelles situations peut-on effectuer le TROD en officine ?

On rappelle rapidement les recommandations publiées le 18 mai par la HAS au sujet de l’utilisation de TROD dans le cadre du Covid-19 qui devait être indiquée dans les situations suivantes:

  • dans le cadre d’enquêtes épidémiologiques (en assurant la traçabilité des résultats dans le cadre du protocole de l’enquête)
  • dans le cadre d’orientation diagnostique de Covid-19 chez des patients ayant des difficultés d’accès à un laboratoire de biologie médicale (en secteur rural isolé, populations marginalisées, grande précarité, migrants…)

Et ce dans les indications suivantes :

‣ orientation diagnostique initiale de patients symptomatiques sans signe de gravité suivis en ville si tableau clinique évocateur et test RT-PCR négatif

‣ orientation diagnostique de rattrapage chez des patients symptomatiques avec suspicion clinique sans signe de gravité mais n’ayant pas été en mesure de réaliser un test RT-PCR avant sept jours

‣ orientation diagnostique étiologique à distance chez des patients symptomatiques sans signe de gravité diagnostiqués cliniquement mais n’ayant pas fait l’objet d’une RT-PCR

‣ orientation diagnostique de rattrapage chez les professionnels soignants et les personnels d’hébergements collectifs symptomatiques sans signe de gravité

‣ orientation diagnostique chez les professionnels soignants et les personnels d’hébergements collectifs non symptomatiques lors de dépistage et détection de personne contact par RT-PCR selon recommandations en vigueur après une RT-PCR négative, uniquement à titre individuel sur prescription médicale

L’entrée en vigueur de l’arrêté du mardi 11 aout publié au journal officiel concernant l’extension de l’autorisation de prélèvement capillaire pour le dépistage de l’ARS du Covid-19 est immédiate.

Les tests en laboratoire de biologie médicale

Cet arrêté permet au laboratoire de biologie médicale de réaliser, sous la responsabilité du médecin biologique, le prélèvement du test RT PCR du coronavirus Sars-Cov-2 par des professionnels de santé diplômés dans le domaine de la biologie moléculaire, ou “justifiant d’une expérience professionnelle d’au moins un an dans ce domaine”. Cet arrêté est valable si le laboratoire de biologie médicale ne dispose pas du nombre nécessaire de techniciens pour réaliser eux même les prélèvements et pour faire face à l’augmentation de la demande de dépistage de façon plus fluide.

D’autre part, le personnel de santé ayant un diplôme figurant dans une liste annexée sur l’arrêté de mardi 11 août est également autorisé à faire ces prélèvements.

L’extension s’étend aux “techniciens présentant des brevets supérieurs en chimie, métiers de la qualité, industries alimentaires et bio-industrie, ou biophysique de laboratoire”, des professionnels présentant une licence “en bio analytique et expérimentale, ou en bio-industries et technologie, sciences de la vie, sciences de la vie et de la terre, sciences pour la santé, biologie et santé, science de la vie biologique, ou génomique physiologie et santé” et des personnes ayant des Masters de biologie et Santé ou en biologie de l’environnement.

Depuis juillet 2020, les infirmiers diplômés d’État sont autorisés à pratiquer des tests virologiques, même sans ordonnance prescrite par un médecin traitant ou médecin généraliste, spécialiste ou remplaçant afin de faciliter l’accès au dépistage.

Les pharmaciens autorisés à pratiquer des TROD antigéniques

Des tests de dépistage rapides du coronavirus, dits « tests antigéniques », sont sur le point d’être déployés. L’AP-HP en a déjà commandé 100.000 exemplaires.

Comme le test de référence actuel, le PCR, les tests antigéniques sont réalisés à partir de prélèvements dans les narines, par écouvillon. Mais alors que le RT-PCR nécessite une analyse lourde en laboratoire, pour détecter le matériel génétique du coronavirus, le test antigénique repère des protéines du virus en quelques minutes (environ 15 à 30 minutes). Un résultat positif doit cependant être impérativement confirmé par PCR, qui reste le test de référence.

Un arrêté vient de paraitre au JO autorisant les pharmaciens à les pratiquer afin « de décharger les laboratoires de biologie médicale de certaines patientèles » et « d’améliorer les délais de transmission des résultats des tests RT-PCR ». Cette autorisation est toutefois soumise à conditions. Ces TROD antigéniques ne peuvent servir que dans le cadre d’expérimentations de dépistage pilotées par les ARS, selon des priorités définies au niveau national, et en fonction des stocks disponibles.

Un remboursement de l’acte à 100%

On rappelle que la stratégie de dépistage du Covid-19 débutée en juillet 2020 permet un remboursement à 100% de l’acte même sans prescription médicale ou ordonnance, et permet également la multiplication des prises de rendez-vous en particulier pour les patients à risque, pour les patients fragilisés, pour les patients partant en vacances.

Le dépistage des professionnels de santé suit un autre parcours avec des facilitations d’accès en milieu hospitalier.

Un rôle majeur dans la politique de prévention et de dépistage

L’implication des pharmaciens ne se limite pas à cette seule tâche. Ceux-ci peuvent proposer aux patients volontaires de participer à une étude épidémiologique, à l’aide d’un questionnaire rapide développé par Covidia. Née d’un partenariat avec la Société Française des Sciences Pharmaceutiques Officinales, cette production statistique anonymisée doit notamment contribuer à améliorer la connaissance sur le niveau d’immunité collective, grâce à des techniques d’intelligence artificielle. Plus d’un millier de patients a déjà participé à cette étude.

Quid des tests salivaires et du futur vaccin contre le Covid-19 ?

En cours d’homologation par la Haute Autorité de Santé, l’arrivée imminente des tests salivaires attise déjà les convoitises de certaines officines. En effet, Gilles Bonnefond, président de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO), pense que ce serait l’occasion de dépister plus largement la population et de désengorger les laboratoires de biologie médicale, qui sont aujourd’hui saturés.

A plus long terme, une autre échéance se profile : celle de la vaccination contre le Covid-19. Les pharmaciens, qui ont déjà démontré leur efficacité et leur valeur ajoutée sur la couverture vaccinale de la grippe saisonnière, seront-ils habilités à pratiquer le vaccin contre le Covid-19 auprès des patients ? Affaire à suivre…

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