Tout savoir sur l’installation d’un pharmacien en Outre-Mer
Depuis le 12 décembre 2019, le portail d’accompagnement des professionnels de santé a créé un dispositif pour l’accompagnement des professionnels de santé en Guyane. Le parcours permet aux professionnels d’avoir accès aux informations, aides et accompagnements utiles pour les étapes des projets professionnels comme personnels.
Ce dispositif a été mis en place par l’ARS Guyane, la DRSM (Direction régionale du Service médical, constitué de praticiens conseils médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens et de personnel administratif) et la CGSS (Caisse Générale de Sécurité Sociale) de Martinique et Guadeloupe.
L’installation dans les départements, régions et collectivités d’outre mer passe généralement par la case du remplacement.
Comment remplacer en Outre-Mer ?
Pour pouvoir remplacer en Outre-Mer, il faut être :
- un pharmacien diplômé inscrit à l’ordre, ou en instance de l’être, et n’ayant pas
d’autres activités professionnelles pendant la durée du remplacement - un co-titulaire de la même officine
- un pharmacien adjoint de la même officine
- un étudiant en pharmacie ayant validé la cinquième année et son stage de pratique professionnelle, possédant un certificat de remplacement délivré par le conseil régional de l’ordre dont relève sa faculté d’origine.
Pour tout remplacement supérieur à huit jours, le pharmacien titulaire doit adresser au conseil régional de l’ordre des pharmaciens et à l’agence régionale de santé une demande de remplacement en LRAR (recommandé avec accusé de réception).
L’obtention d’un certificat de remplacement par le pharmacien remplaçant ou les étudiants en pharmacie se fait par une demande auprès du conseil régional de l’ordre des pharmaciens. Le certificat de remplacement est valable un an sur l’ensemble du territoire.
Les particularités du remplacement de pharmaciens en Outre-Mer
La particularité en Outre-mer concerne les étudiants relevant d’une autre nationalité : les certificats de remplacement ne peuvent pas être établis pour les étudiants d’une autre nationalité, sauf s’il existe un accord de réciprocité entre la France et le pays de l’étudiant permettant l’exercice de la pharmacie (Canada). C’est à l’étudiant de se renseigner auprès de son consulat ou de son ambassade.
Le pharmacien remplaçant extérieur reçoit une bonification de remplacement ainsi qu’une majoration salariale de précarité.
Après avoir effectué le remplacement, les pharmaciens remplaçants peuvent choisir de s’installer dans les différents territoires ultra marins.
Les caisses de sécurité sociale de Mayotte (CSSM), de l’océan Indien et des régions d’outre-mer facilitent l’implantation des pharmaciens par un soutien financier.
S’installer en officine en Guyane : un changement radical de mode de vie
Tout d’abord, la Guyane a un climat équatorial avec une température stable. Le pays est à 8h de vol de la métropole, et à 2h de vol des Antilles. Le pays permet de concilier des expériences personnelles en associant des missions professionnelles intéressantes et riches d’expériences.
La Guyane est en pleine expansion démographique, pour bientôt rejoindre la population de Martinique et de Guadeloupe.
Les pathologies sont diverses et spécifiques aux régions équatoriales, avec des maladies infectieuses différentes de celles de métropole.
De nombreuses opportunités d’installation en officine offrent des perspectives attrayantes de développement et de progression du chiffre d’affaires de la pharmacie.
Il y a beaucoup d’offres de vente de parts, d’association, de départ à la retraite. Les possibilités d’installation sont variées, en centre-ville, à la campagne.
Le pays Guyanais comporte de nombreux patients brésiliens haïtiens, du Surimi, dominicains ou péruviens. C’est un grand brassage ethnique.
L’exercice en officine en Outre-Mer nécessite une préparation rigoureuse
Le pharmacien en officine est un professionnel relativement sédentaire. En effet, il investit dans les murs de son officine. Au préalable, il aura changé deux ou trois fois d’officines dans sa carrière. Les changements sont généralement liés à la taille de l’officine, ou à la localisation géographique.
Passer d’une officine urbaine ou rurale métropolitaine à une officine d’Outre-Mer doit se faire par étape, en passant par du remplacement et de l’exploration du pays.
Vendre la pharmacie en métropole pour aller travailler en outre-mer demande un
accompagnement et une préparation rigoureuse.
Les spécificités de l’exercice en Outre-Mer : prix de vente des médicaments, superficie et équipe des officines et PUI…
Tout d’abord, le prix de vente de médicaments remboursés est supérieur à celui de la métropole de 1,265 euro.
Comparativement à la métropole, les pharmacies disposent d’une surface plus limitée (70 m² en moyenne) avec un personnel moins important. Cela signifie qu’il y a moins de préparateurs en pharmacie, mais plus d’adjoints ou de cotitulaires.
Les pharmaciens en PUI sont très autonomes, car ils ne disposent souvent pas d’équipe complète.
Par exemple, à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Wallis-et-Futuna, ce sont les pharmacies des hôpitaux qui délivrent des médicaments à la population !
Ce constat est le même pour les biologistes, dont les structures d’accueil sont en moyenne plus petites qu’en France métropolitaine. Il n’existe que 50 pharmaciens qui exercent dans les métiers de la fabrication et de la distribution en gros !
Les caractéristiques économiques et les pathologies inhérentes à l’Outre-Mer
Les officines doivent composer avec les caractéristiques économiques des départements et territoires d’outre-mer.
Les prix à la vente sont parfois majorés, du fait de certaines taxes (telles que l’octroi de mer et les produits importés).
Les particularités locales sont différentes de la métropole : on constate une forte demande en phytothérapie. De plus, les pathologies sont spécifiques dans les îles, avec une prévalence de diabète aux Antilles.
L’impact réel des crises sanitaires sur l’exercice officinal et hospitalier
Le rôle des pharmaciens en officine ou en PUI se trouve décuplé pendant la crise sanitaire, comme il l’est pendant les cas d’épidémie de Chikungunya à la Réunion ou de dengue en Guyane.
Le pharmacien joue son rôle de conseiller et de prévention pour veiller à la bonne observance des traitements.
Il est fortement recommandé de réaliser un diplôme universitaire de maladies tropicales pour une installation pérenne dans les DROM COM
Un approvisionnement des médicaments souvent complexe
L’approvisionnement au quotidien des pharmacies d’Outre-Mer est compliqué.
Le cheminement des médicaments est lié à la situation des transports avec des rotations aériennes à Mayotte (moins fréquentes l’hiver), des conditions climatiques parfois difficiles à Saint-Pierre-et-Miquelon (beaucpup d’ouragans). Le Canada sert de support pour l’approvisionnement dans cette région en cas de rupture d’approvisionnement.
Le délai de transport ajoute une difficulté supplémentaire, en particulier concernant le respect de la chaîne du froid. En effet, à la Réunion, certaines températures des containers dépassent 60°C, obligeant à jeter les produits. Certains médicaments doivent avoir un conditionnement “tropicalisé” pour pouvoir résister aux expositions extrêmes…
Parfois en raison de la localisation, il existe des commerces illicites et de la contrefaçon (notamment à Mayotte et en Guyane), et c’est le rôle du pharmacien d’être particulièrement vigilant.
Les exonérations fiscales en Outre-Mer
L’existence d’un dispositif de cotisations sociales patronales propres à l’Outre-Mer se justifie par l’importance du chômage, notamment parmi les salariés à faible rémunération dont le coût total par l’entreprise (salaire et cotisations sociales) constitue un frein à leur embauche, et par l’ampleur du travail illégal.
Dans la zone Caraïbes, les coûts salariaux sont les plus bas en Haïti et à Cuba, au Surinam, à Trinidad, soit trois à quatre fois moins élevés que dans les DROM voisins.
Dans l’océan Indien, les coûts salariaux à l’île Maurice sont en moyenne trois à quatre fois moins élevés qu’à la Réunion et 50 fois moins élevés à Madagascar.
Afin de rendre les économies ultramarines plus concurrentielles, un dispositif d’allégement des charges sociales a été réalisé depuis 1994.
Les avantages fiscaux à l’installation dans les régions d’Outre-Mer
De nombreuses avantages fiscaux et sociaux améliorent la rentabilité des officines.
Les investissements réalisés doivent être conservés et affectés à l’exploitation pour laquelle ils ont été réalisés, pendant cinq ans ou pendant leur durée normale d’utilisation s’il est inférieur.
Lorsqu’il s’agit de souscription au capital de sociétés, les parts ou actions obtenues doivent être conservées pendant cinq ans. Cela concerne les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés.
Les entreprises soumises à l’impôt sur le revenu peuvent bénéficier d’un avantage fiscal si le chiffre d’affaires est inférieur à 20 millions d’euros au titre du dernier exercice clos. L’avantage fiscal correspond à une réduction d’impôt égal à 38,25 % du montant de l’investissement, ce montant est retenu hors-taxes et hors frais de toute nature notamment les commissions d’acquisition à l’exception des frais de transport d’installation et de mise en service amortissable qui sont inclus dans le coût de l’investissement.
Le taux de la réduction d’impôt est de 45,9 % pour les investissements réalisés en Guyane à Mayotte à Saint-Pierre-et-Miquelon ou à Wallis et Futuna.
Le plafond de l’avantage fiscal : la réduction d’impôt ne peut excéder un montant de 100 000 € pour une même année, ou 300 000 € par période de trois ans pour les exploitants agissant à titre professionnel.
La réduction d’impôt s’impute sur l’impôt sur le revenu de l’année de réalisation de l’investissement.
Si le montant de la réduction d’impôt est supérieur à l’impôt dû, l’excédent peut être reporté dans la limite annuelle applicable à l’entreprise, les deux années suivantes. Pour les investissements professionnels, un remboursement du solde peut être obtenu à partir de la troisième année dans la limite de 100 000 € par an.
Pour les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés : le montant de l’investissement hors-taxe, diminué des subventions publiques éventuellement obtenues, est déduit des résultats imposables de la société.
Les exonérations d’impôt pour les entreprises implantées dans les DROM
Les entreprises implantées dans les DROM peuvent bénéficier d’exonération d’impôt et pour bénéficier de l’avantage fiscal l’entreprise doit respecter deux obligations en matière de formation professionnelle :
– réaliser des dépenses de formation professionnelle en faveur de ses salariés ou de ses dirigeants
– verser une contribution aux fonds d’expérimentation pour la jeunesse créés par la loi généralisant le RSA
Ce versement ne peut être inférieur à 20 % du total des dépenses de formation
professionnelle et de la contribution.
La somme versée au titre de ces deux obligations doit représenter au moins 5 % de la quote-part de bénéfices exonérés en faveur du personnel de l’exploitation au titre de l’exercice qui suit celui au cours duquel l’abattement est appliqué.
Il existe aussi des exonérations d’impôt locaux :
– abattement sur la base d’imposition à la taxe foncière sur les propriétés bâties
s’applique de 2016 à 2020 au taux de 40 % (taux normal )et de 90 % (taux majoré)
– exonération partielle de taxe foncière sur les propriétés non bâties à hauteur de 70 % pour les imposition établies de 2016 à 2020
– abattement sur la base nette d’imposition de la cotisation foncière des entreprises CFE au taux de 70 % de 2016 2020, 90 % au taux majoré.
Un abattement identique s’applique sur la base imposable de la CVAE.
En résumé…
Le niveau de la qualité des prestations de pharmacies dans les départements et collectivités d’Outre-Mer est équivalent à celui en France métropolitaine. Le code de santé publique y est appliqué, sauf à Wallis-et-Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon.
À noter qu’il n’existe pas de faculté de pharmacie dans les territoires d’Outre-Mer.
L’inscription à la section E de l’ordre des pharmaciens est obligatoire, et les pharmaciens sont tenus de respecter l’ensemble des règles déontologiques et professionnelles.
À Wallis et Futuna, il n’y a pas de dispositif d’assurance-maladie. C’est le pharmacien de l’hôpital qui délivre les médicaments gratuitement à la population.
À Saint-Pierre-et-Miquelon, le service hospitalier a un statut particulier qui a le monopole de la distribution des médicaments jusqu’à l’ouverture récente d’une pharmacie officinale libérale.
À Mayotte, les médicaments sont, par dérogation, délivrés gratuitement par l’hôpital et les dispensaires. Il existe 18 officines installées dans des zones de densité démographique plus importante.
Envie de vous changer de vie, et de vous installer en Outre-mer ? Alors n’hésitez plus ! Et si vous hésitez encore, on vous propose de faire des remplas pour découvrir les lieux et vous familiariser avec un mode d’exercice dépaysant.