Les masseurs-kinésithérapeutes, comme bon nombre de professionnels de santé, sont en première ligne face aux patients atteints de Covid-19.
Les kinés ont par ailleurs un rôle clé à jouer dans la stratégie thérapeutique et le suivi à mettre en place auprès des patients souffrant de Covid long.
Télésoin, rééducation respiratoire, ré-entraînement à l’effort… Quelles sont les solutions qui s’offrent à eux pour traiter les patients malades, et comment peuvent-ils accompagner les patients Covid long ?
Le télésoin comme solution préconisée pour prendre soin des patients Covid
🖥 En cas de patient atteint de Covid-19, les masseurs-kinésithérapeutes ont accès aux télésoins, mais doivent répondre à des règles spécifiques relatives à la modalité de l’exercice. Le télésoin nécessite une prescription médicale. Il ne doit être mis en place qu’après une première séance présentielle de kinésithérapie pour connaître le patient, lui expliquer la procédure et la prise en charge des exercices de soins.
Il existe des platesformes payantes ou gratuites qui sont autorisées en période d’épidémie COVID-19, après l’accord du patient. Whatsapp et Facetime sont notamment gratuites.
Il existe également des plateformes payantes, sous forme d’abonnement, à la charge du masseur-kinésithérapeute.
💰 Concernant le télésoin, les kinésithérapeutes sont rémunérés à la consultation classique, mais avec une nomenclature spécifique. On rappelle selon les dispositions déontologiques de l’article R 43 21–98, « les honoraires du masseur kinésithérapeute sont déterminés avec tact et mesure, en tenant compte de la réglementation en vigueur, des actes dispensés ou des circonstances particulières. Ils ne peuvent être réclamés qu’à l’occasion d’acte réellement effectué. »
Le télésoin, comme en présentiel, nécessite le respect du secret professionnel. Le dossier médical du patient doit être sécurisé comme lors des séances en présentiel.
Un fond d’entraide spécial pour les kinés remplaçants
📲 Le télésoin peut être réalisé par les kinés remplaçants.
Depuis la crise sanitaire, de nombreux dispositifs d’aide ont été mis en œuvre pour soutenir les professionnels libéraux dont l’activité a été affectée par les confinements successifs. Les kinésithérapeutes remplaçants n’ont pas pu en bénéficier, car ils ne pouvaient pas justifier des charges à rembourser ou des contrats non conclus alors qu’ils ont parfois été fortement impactés par le manque d’activité.
Le conseil de l’Ordre des masseurs kinésithérapeutes ont étendu un fond d’entraide spécial Covid, pour les kinésithérapeutes remplaçants en difficulté financière.
Le kiné remplaçant peut réaliser des téléconsultations s’il connaît déjà le patient, en particulier s’il a déjà remplacé dans le cabinet libéral.
Qu’est-ce que le « Covid long » ?
🦠 Dès la fin de la première vague Covid-19, la persistance de symptomatologie quatre à cinq semaines après la première manifestation est décrite chez :
- plus de 20 % des patients après cinq semaines
- plus de 10 % des patients après trois mois
C’est la définition du Covid long.
Comment savoir si les patients sont en Covid long ?
La problématique de la symptomatologie du Covid long réside essentiellement sur le polymorphisme.
Aucun des symptômes ne peut être expliqué par un diagnostic différentiel. Le Covid long peut atteindre tous types de patients, et à tout âge. Les patients jeunes <30 ans ont une asthénie tenace.
🤯 L’asthénie et les troubles cognitifs sont les symptômes les plus fréquents souvent associés à des céphalées.
Les douleurs et les oppressions thoraciques sont également numéro deux de la symptomatologie. Il persiste fréquemment une toux irritative résiduelle. L’anosmie et l’agueusie sont également persistantes, et une rééducation est lors nécessaire.
L’évolution des symptômes peut être fluctuante, en faisant alterner des phases d’exacerbation et de récupération.
L’âge des patients n’est pas déterminant ni l’atteinte initiale (grave ou non) de la primo-infection Covid 19.
Toutefois, il faut au préalable éliminer une complication aiguë chez les patients présentant une comorbidité (diabète, immunosuppression, asthme, mucoviscidose, etc).
Quel rôle pour le masseur kiné auprès de ces patients ?
L’écoute du masseur kinésithérapeute doit être empathique et précise pour l’exploration du patient dans sa globalité.
La stratégie thérapeutique et la rééducation doivent être personnalisées.
Le but est d’inciter les patients à s’autogérer, et à connaître leurs limites pour poursuivre des activités physiques en dehors de la rééducation en toute sécurité. D’où l’intérêt de la téléconsultation !
Le suivi des patients Covid long est optimisé par cet outil numérique. Il ne faut pas minorer les troubles anxieux et dépressifs secondaires au Covid long.
La rééducation respiratoire
Elle repose essentiellement sur une rééducation du syndrome d’hyperventilation.
Elle fait appel à la conscientisation de la respiration, et sur le contrôle ventilatoire au cours de diverses situations : au repos et à l’effort.
Cette rééducation comprend :
- des exercices respiratoires à différents volumes, débit et pressions
- des apnées avec guidage par le kinésithérapeute
- une sensibilisation à la ventilation abdomino-diaphragmatique et thoracique haute et basse
Certains pratiquent la sophrologie en complément.
Pour être efficace, la pratique des exercices respiratoires dure environ 15 minutes par jour.
L’efficacité est une baisse de la dyspnée et de l’hyperventilation et une reprise de l’activité physique. L’amélioration de l’hypocapnie peut être évaluée avec un oxymètre.
Le ré-entraînement à l’effort
L’asthénie est un des signes cliniques importants. Le masseur kinésithérapeute doit évaluer au préalable les capacités (aérobie et anaérobie), les douleurs et la fatigabilité du patient.
Des évaluations fonctionnelles sur les motivations, compétences et qualité de vie des patients sont importants et doivent être pratiquées régulièrement.
Par ailleurs, l’évaluation des capacités proprioceptives et de motricité globale sont nécessaires pour faire face aux troubles neurologiques séquellaires.
🦵 Certains patients post-réanimation présentent des troubles de la déglutition, avec plus ou moins une atteinte neurologique centrale. La rééducation a alors toute sa place. La rééducation de l’anosmie et de l’agueusie contribue à la récupération du patient.
Au minimum, les séances doivent comporter un entraînement aérobie, de la force des muscles des membres et du tronc avec tapis de marche, élastique, haltères…
En fonction des résultats de l’évaluation, un entraînement des muscles respiratoires avec des valves résiste en pression, un entraînement de l’équilibre et la réintégration du geste sportif sont importants et doivent être réguliers.
La HAS ne recommande pas de régime alimentaire d’exclusion. Les vitamines sont inutiles et les suppléments alimentaires, en particulier hyperprotéinés, sont potentiellement nocifs en automédication.
Les approches de médecine alternative n’ont pas été évaluées dans ce contexte.