Comment lutter contre les déserts médicaux ? Etat des lieux de la DREES

Après avoir lancé une étude sur les déserts médicaux, la DREES (direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques) a acté que les mesures coercitives voire incitatives restent insuffisantes pour attirer ou retenir les professionnels de santé, en particulier les médecins, dans les zones de déserts médicaux.

Une réflexion globale doit être réalisée pour trouver d’autres leviers à mobiliser. La DREES a réalisé une revue de la littérature internationale pour comprendre et analyser les stratégies déployées à travers le monde.

Cette étude concerne l’accès aux soins primaires et aux urgences. Les pays internationaux étudiés sont essentiellement les pays à fort développement économique et à fort pouvoir d’achat, comme les États-Unis, l’Australie et le Canada. Il faut noter que le parallèle avec la situation française est délicat devant la superficie très différente de ces pays et de la France (même en y incluant les DROM COM).

De plus, cette étude est à modérer en fonction du type d’accès à la médecine dans les différents pays. Le mode de fonctionnement est assez différents entre les pays anglo-saxons d’une part, et les pays européens d’autre part.

Le constat est que tous les pays ont des difficultés persistantes à garantir l’accès aux soins médicaux partout de façon satisfaisante.DREES

Des mesures financières isolées, et insuffisantes

Dans tous les pays, des mesures isolées sont réalisées mais n’ont pas d’impact global réel sur la lutte contre les déserts médicaux. Tous les rapports internationaux souligne qu’une politique d’ensemble est à adapter au cours du temps.

De façon internationale, les efforts financiers utilisés pour mobiliser les jeunes médecins dans les zones de désert médical ne suffisent plus à eux seuls.

Le rapport de la DREES insiste sur le point particulier que le facteur financier arrive derrière l’épanouissement de la vie personnelle et la qualité de vie au travail. Cette étude conforte le rapport de l’Ordre National des Médecins Français qui avait déjà fait ce constat. Les médecins français, comme les médecins internationaux, déclarent que « les liens qu’on peut avoir avec ce type de territoire sont créés parce qu’on n’y a grandi et qu’il y a des attaches familiales et amicales. Les conditions d’exercice sont également prise en compte avec la charge de travail inhérente au territoire.

Contrer l’isolement des jeunes médecins

Un sentiment d’isolement est souvent mis en avant. Toutefois, avec l’arrivée des réseaux sociaux, les blogs, les forums, et des possibilités d’échanger sur la pathologie à n’importe quel moment permet de lever cette sensation l’isolement.

Le maillage territorial joue également un rôle primordial dans l’acceptation de l’installation du professionnel sur le territoire.

Les facteurs d’épanouissement personnel sont multifactoriels, allant des services éducatifs et du projet professionnel du conjoint, jusqu’aux associations, à la culture, à la gastronomie, et bien sur activités récréatives.

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La coercition : une solution pérenne ?

La coercition avec une obligation de service de court terme peut lever provisoirement l’isolement d’un territoire. Mais l’installation du professionnel n’est pas pérenne, voire s’avérer contre-productif à long terme.

La constatation a été faite en Australie, aux États-Unis et au Canada pour les médecins étrangers, et en Norvège.

En France, l’étude de l’Ordre National des Médecins a également constaté que la répartition des professionnels de santé étrangers, en zone murale ou dans les déserts médicaux, était une fausse bonne idée.

Globalement, toutes les mesures coercitives sont à utiliser avec beaucoup de prudence car la fuite du professionnel se fera dans un deuxième temps.

La DREES déclare : « Toutes les mesures instaurant une obligation de service font l’objet d’une critique similaire : les médecins qui servent dans ce territoire non attractif le font de manière contrainte ils ne restent pas en général après la période d’engagement, parfois même cette expérience subit les détournent d’un type d’exercice pour lesquelles ils auraient pu avoir certaines prédispositions ».

Finalement, aucune réelle évaluation n’est réalisée sur ce sujet. Le sujet central est d’attirer les médecins dans les zones de désert médical, et de les y installer de façon pérenne.

La formation initiale comme levier

La DREES constate également que la formation initiale constitue un levier puissant. Mais un médecin est formé en 10 ans. Ce levier est certes intéressant mais à long terme. Faire évoluer le contenu de la formation pour présenter aux futurs médecins des exercices différents et des lieux différents, en dehors des grands centres urbains, pourrait permettre de les installer en région. Toutefois, l’information ainsi que le réseau professionnel constitué suite à la formation reste toujours en milieu urbain, voire hyper urbain.

Mieux équilibrer la répartition des étudiants en médecine

Les résultats de la revue de la littérature montrent que l’origine des médecins ressort dans tous les pays comme un facteur important dans les choix d’exercice et de carrière. Un médecin issu d’un milieu rural aura plus de prédisposition à retourner exercer dans son milieu.

Quelques améliorations au dispositif déjà existant, en particulier en France, sont suggérées, en particulier diversifier l’origine territoriale et sociale des étudiants en médecine pour équilibrer à terme leur répartition sur le territoire, et entraîner ainsi une délocalisation plus franche des lieux de formation.

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