La saga de l’été : le quotidien d’un médecin de campagne
Nous allons vous faire découvrir la vie d’un médecin de campagne : ses plaisirs, ses questions, sa solitude, ses difficultés et ses victoires. D’abord, posons le diagnostic avec quelques chiffres. Depuis 2012, la retraite prochaine de nombreux médecins généralistes remet en question l’accès aux soins dans tout le pays.
Actuellement, les médecins âgés de plus de 60 ans représentent 47,3% de l’ensemble des inscrits au Conseil national de l’Ordre des Médecins, tandis que ceux de moins de 40 ans ne représentent que 19,1% des effectifs. En 2020, la part de l’activité régulière parmi les inscrits au Tableau de l’Ordre était de 64,5%, en baisse par rapport à 2019 (65,5%) et 2010 (76,5%). Le nombre de médecins généralistes a baissé de 1% depuis 2019 et de 9% depuis 2010, avec une croissance annuelle moyenne de -0,9%.
La santé publique en zone rurale
Mobiliser un médecin en zone rurale est un enjeu de santé publique. Les solutions envisagées jusqu’à présent étaient soit coercitives, soit basées sur des incitations financières. En zone rurale, souvent superposables aux zones sous-dotées en soignants, les dispositifs comme SOS-Médecins sont absents. De ce fait, les gardes de nuit sont fréquentes, voire quotidiennes pour les médecins généralistes, qui doivent également gérer l’administration de leur cabinet, une tâche particulièrement redoutée.
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Certains médecins n’ont même pas accès à un secrétariat en ligne car ils sont situés géographiquement en zone blanche. Par ailleurs, les secrétariats en libre-service, ou en ligne, peuvent être un support pour les médecins ruraux. Cependant, ils peuvent attiser l’inconfort et le manque de confiance pour certains patients parfois âgés. En effet, cette patientèle est habituée à avoir une secrétaire qui leur répond au téléphone. La prise de rendez-vous par internet peut donc être un frein pour la population âgée rurale.
Les jeunes médecins en zone rurale : seul(s) au monde ?
Pour beaucoup de jeunes médecins, s’installer à la campagne est synonyme de solitude. Ainsi, cette peur d’être seul, dissuade les professionnels de santé. Il est vrai que les médecins de campagne doivent faire face à de longues journées. Les trajets pour visiter les patients à domicile, parfois très isolés, les urgences, la gestion du cabinet… L’isolement et le manque de « connexion » rebutent certains jeunes praticiens à embrasser la vie de médecin de campagne. Cependant, le développement de structures comme les MSP, l’exercice coordonné, les CPTS tendant à améliorer les conditions de travail des professionnels de santé exerçant en zone rurale.
L’objectif de tous les médecins est de répondre aux inégalités de santé. Ils veulent permettre un accès aux services qu’un système de santé performant doit garantir aux patients : soins, prévention, dépistage, vaccination. Ces enjeux majeurs mobilisent les médecins jeunes et moins jeunes. Entre les médecins libéraux et l’assurance-maladie, l’encadrement des dépassements d’honoraires et l’annonce d’un pacte territoire santé, l’accès aux soins pour tous progresse.
Les actions engagées visent à faciliter la formation et l’installation des jeunes médecins en zones rurales. Elles incluent un meilleur accompagnement avec un référent, la possibilité d’hospitaliser rapidement les patients isolés, la sécurisation financière avec des postes de praticiens territoriaux, et le désenclavement des zones de désertification médicale.
Le médecin de campagne, super-héros des populations oubliées
De nombreux médecins généralistes, dermatologues et ophtalmologues ont des délais de rendez-vous de 6 mois à 1 an. Cela décourage certains patients, tandis que d’autres consultent en urgence, surchargeant les centres de santé, par exemple.
Les maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires et l’asthme augmentent en milieu rural en raison du vieillissement de la population. Plus l’isolement est grand, plus il est difficile pour le médecin de bien suivre ses patients. En effet, cela est très différent par rapport aux zones urbaines. En zone rurale, il y a peu d’hôpitaux et les patients n’ont pas un accès rapide à un médecin spécialiste. Le médecin généraliste doit avoir des compétences en anesthésie, obstétrique, petite chirurgie. Il assure ainsi, la proximité de la prise en charge et la complémentarité avec des spécialistes.
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Quand le terme de médecin « généraliste » reprend tout son sens
L’acquisition de compétences est facilitée par des formations. Le médecin de campagne doit avoir une formation spécifique à la médecine rurale. Ainsi, la profession devient multidisciplinaire et acquiert le vrai sens de généraliste. Le médecin généraliste a des compétences en pédiatrie, gynécologie obstétrique, psychiatrie, et médecine communautaire. Toutes ces connaissances doivent être intégrées dans la consultation des patients.
Beaucoup de patients sont âgés, souvent obligés de continuer à conduire pour aller consulter le médecin, ou payer des taxis pour se rendre au cabinet médical. Un médecin rural doit assumer la charge d’environ 3 000 patients ! Le médecin de campagne soigne des familles sur plusieurs générations. Certes, la patientèle est fidèle et assurée, mais il s’agit d’un métier épuisant, et moins rémunérateur qu’en zone urbaine car les trajets sont parfois longs. Les journées peuvent se terminer à 22 heures et les médecins de campagne sont de garde deux à quatre dimanches par mois ! Le revenu est d’environ 4 500 € net par mois. Les patients n’hésitent pas à les appeler sur le téléphone personnel en cas de problème.
Alors, quel est le quotidien pour un médecin de campagne ? Pour vous, nous avons imaginé la vie d’un médecin exerçant dans la campagne… ses inconvénients, comme ses nombreux avantages !
Et si demain, vous décidiez de partir exercer en zone rurale ? Découvrez notre saga de l’été, et projetez-vous dans la vie de Pierre, notre héros fictif.