Le remplacement : le tremplin idéal pour s’installer en toute sérénité !
Les remplas, personne n’en parle mieux que vous ! C’est pour cette raison que nous sommes partis à la rencontre de Marie-Charlotte, médecin généraliste fraîchement thésée, partie remplacer en Aveyron par le biais de Docndoc. Dans cet interview, Marie-Charlotte revient sur son expérience de remplacement en cabinet libéral, les avantages et inconvénients de remplacer dans un endroit inconnu, ce qu’elle a préféré en Aveyron, et vous donne même quelques conseils pour trouver l’endroit idéal où vous installer.
Comment as-tu connu Docndoc ?
J’ai terminé mes études en novembre et j’ai commencé les premiers remplas en médecine générale fin octobre, chez des médecins que je connaissais déjà. La première année après les études, je voulais plutôt faire des remplacements donc j’ai regardé les différentes plateformes de remplacement qui existent. Il y a des groupes sur les réseaux sociaux organisés par région, en général, des sites de petites annonces… En recherchant “Remplacement médecin générale”, j’ai découvert Docndoc.
J’ai fait mon internat en région PACA, et avec mon compagnon, on avait pour projet de déménager en décembre, donc j’avais commencé à regarder dans la région. Quand il a été muté en Aveyron, on a opté pour l’Aveyron.
Une médecin généraliste de Millau m’a contactée pour me dire qu’elle avait obtenu mes coordonnées sur la plateforme Docndoc. En décembre, quand on est allé voir des logements, je les ai rencontrées, elle et sa consoeur, dans leur cabinet. Elle m’a demandé si je voulais faire des remplas réguliers, m’installer ou autre, puis elle m’a proposé de faire un remplacement la semaine de Noël. C’était mon premier remplacement en Aveyron.
J’ai remplacé pendant deux semaines, dans son cabinet en centre-ville, avec une secrétaire le matin. Je n’étais pas seule, il y avait une de ses collègues qui travaillait 3 jours sur 5. Mais au final, c’est comme ça que j’ai connu Docndoc.
Je ne suis pas arrivée par hasard pour faire une expérience d’une semaine ou deux, ou juste pour visiter.
J’ai prévu de rester dans l’Aveyron pendant au moins deux ans, voire plus si on s’y plait bien. J’ai envie de faire des remplacements au début, pour découvrir les différents cabinets aux alentours, dans un périmètre de 20-25 km. J’ai donc pris l’initiative d’appeler d’autres médecins du coin, pour connaître leurs besoins.
Tu as pu te créer facilement un réseau en arrivant en Aveyron ?
Oui, début décembre je préparais ma thèse, donc j’en ai profité pour appeler les cabinets autour de moi. Il y a quand même une grosse carence médicale en ce moment, les médecins ont beaucoup de mal à trouver des remplaçants, même quand ils partent en vacances. Pour le moment, je vais faire des remplacements occasionnels.
Tu as prévu de faire des remplacements uniquement en cabinet libéral ?
Non, j’ai aussi rencontré des médecins de maison de santé qui exercent en salariat , notamment une où je travaillerai avec 3 médecins, des infirmières et des kinés. En général, ils travaillent sur le même site, ce qui permet d’échanger ensemble autour d’un patient. A partir de février, je vais travailler à la maison de santé de Nant, en Aveyron, en salariat à temps partiel, puis le reste du temps, je remplacerai des médecins en libéral. Mon planning est déjà rempli jusqu’à juillet, donc je n’ai pas prospecté plus de quatre ou cinq maisons de santé dans le coin.
Et pourquoi pas faire des remplas dans un autre département aussi, mais c’est davantage motivant si un logement est proposé par le médecin remplacé pendant la période de remplacement. La question du logement est super importante pour effectuer des remplacements loin de notre lieu d’habitation pour dépanner.
J’ai pourtant cru comprendre que les médecins installés proposaient souvent un logement à leurs remplaçants.
J’ai regardé quelques annonces, et ce n’était pas forcément spécifié. Peut-être que si on les appelle, et qu’on leur dit qu’on vient de loin, on peut négocier la possibilité de loger sur place. Certaines maisons de santé proposent parfois des studios pour dépanner.
Pendant ton rempla, as-tu bien été accueillie par les patients ? As-tu rencontré des difficultés particulières ?
Les patients étaient plutôt contents d’avoir une remplaçante, parce qu’ils n’avaient pas forcément l’habitude d’en avoir pendant les congés du médecin que je remplaçais. Toute la journée, on me disait “Mais pourquoi vous ne vous installez pas dans ce cabinet ?”. Ils sont vraiment demandeurs de médecin.
C’était agréable et rassurant de savoir que l’hôpital et les urgences de Millau étaient à 5 minutes du cabinet. Ce qui était plus difficile, c’était de savoir vers qui se tourner quand on a besoin rapidement de l’avis d’un spécialiste. Quand on remplace, on n’a pas forcément le réseau qui va avec. Ça vient avec le temps, mais au début c’est pas évident.
Ce qui pourrait être utile, ce serait que le médecin remplacé laisse ces informations à son remplaçant pendant son absence.
Oui, voilà. Au niveau administratif, j’ai rencontré quelques difficultés aussi, parce que je débute. Par exemple, j’ai dû déclarer un décès dans une maison de retraite, et je ne savais pas quel formulaire spécifique utiliser pour envoyer à la sécurité sociale après avoir rédigé le certificat de décès. C’était plutôt des difficultés de cet ordre-là.
Les patients ont toujours un peu peur de voir une personne qu’ils ne connaissent pas en consultation, mais mon planning était quand même assez bien rempli. Il y a même des patients que j’ai revu sur un autre remplacement début janvier !
Et au niveau du cadre d’exercice, du paysage, est-ce que ça te changeait de tes habitudes ?
L’Aveyron est assez accueillant, notamment pour tout ce qui concerne les sports de nature, la rando, l’escalade, le canyoning. Bon, les sports de plein air en hiver, ce n’est pas idéal, mais il y a de jolies balades à faire. Moi j’ai fait récemment le Roc Nantais. Il y a de jolis paysages, c’est assez vallonné. La ville de Millau est à taille humaine (20000 habitants), et on est vite proche de la nature. Ce n’est pas loin de Montpellier non plus (100 km), si on est en manque de grosse ville, avec un accès rapide et gratuit par l’autoroute, en 1 heure 20.
Niveau gastronomie, il y a des bons produits du terroir, ce qui est un atout à valoriser. On peut facilement en acheter chez des producteurs locaux.
Il y a beaucoup de produits accessibles en circuit court ?
A Millau, il y a les Halles du marché, ouvertes en fin de semaine. On m’a aussi parlé du marché de Saint-Affrique, que je n’ai pas encore testé. A partir d’avril, ça va être encore plus vivant aux alentours, avec l’arrivée des personnes qui ont des résidences secondaires. Il y a aussi plein de coopératives de fromages du larzac, et on peut soit les acheter directement au producteur, soit les retrouver sur les marchés.
En parlant de loisirs, est-ce que tu as réservé ton activité proposée par Docndoc et le département de l’Aveyron ?
J’attends le printemps pour faire du canyoning !
En vrai, l’activité peut être faite même après le remplacement, si tu préfères attendre les beaux jours.
C’était plutôt sympa de recevoir cette proposition d’ailleurs. Après, même si ça permet de découvrir la région, il faut aussi que le conjoint puisse trouver du travail dans les alentours pour s’installer dans l’Aveyron. Moi, je suis allée en Aveyron parce que mon copain y a été muté, mais nous avions de bons échos de Millau et des alentours.
As-tu des conseils à donner à des remplaçants qui ont envie de partir à l’aventure, eux aussi ?
C’est bénéfique, pendant la période de remplacement, d’être mobile pour découvrir d’autres modes de travail. L’activité libérale est assez personnalisée quant au rythme de travail et au nombre de patients vus sur une journée. Tu peux adapter l’activité en fonction de tes envies et de tes besoins.
Tu peux aussi découvrir différents modes de travail, différents logiciels, différentes formes de secrétariats – téléphonique ou sur place – avant de vraiment réfléchir à une installation. Ça prend du temps de savoir ce qu’on veut, et les remplacements sont une bonne expérience pour commencer, que ce soit du ponctuel ou pour le remplacement d’un congé maternité, par exemple.
Les remplas, ça demande aussi une bonne capacité d’adaptation, et ça peut prendre un peu de temps de s’adapter (la première matinée pour s’adapter au logiciel), au cabinet, de chercher ses affaires. J’avais emmené mon matériel à moi (mon stétho, mon otoscope) et j’utilisais les affaires du cabinet pour le reste.
Je trouve que c’est une bonne expérience de faire des remplacements pendant les études, ou en réflexion avant l’installation. Ça te donne le temps de réfléchir à la compta, à quelle société tu veux monter, avec qui, où ça… c’est vraiment une bonne transition avant l’installation.
Ça te donne aussi l’opportunité de rencontrer des médecins qui travaillent au sein même du cabinet, et qui peuvent répondre facilement à tes questions organisationnelles, ou autres.
Les remplas, c’est un peu comme un compagnonnage. Découvrir de nouveaux modes de travail, de nouvelles personnes, ça t’aide à réfléchir à comment tu veux travailler.
Et des conseils à donner aux médecins en recherche de remplaçants ?
Pour faire venir des nouveaux médecins, il faudrait que les médecins accueillent les jeunes dès l’internat, en SASPAS (dernier stage de médecine générale en cabinet libéral) ou en stage long de plusieurs mois. Moi, j’ai fait des stages en périphérie dans le Vaucluse, en semi rural. Passer 6 mois de stage dans un endroit où ça se passe bien, ça nous fait vite nous poser la question de l’installation.
Changer d’endroit tous les 6 mois permet de découvrir, sur les 3 ans d’internat, de nouveaux horizons et de nouveaux endroits où vivre. Le seul frein serait de ne pas avoir le permis ou de voiture. C’est donc essentiel de passer son permis pour pouvoir faire des remplas partout où on l’on veut !