Arrêt du tabac : intégrer la téléconsultation dans le parcours de soin

En France, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France. Il provoque environ 75 000 décès par an. Arrêter de fumer n’est pas simple. L’accompagnement d’un professionnel de santé fait souvent la différence. Cependant, dans les déserts médicaux, trouver un médecin relève du défi. La téléconsultation ouvre alors de nouvelles perspectives. 

DOCNDOC vous propose cet article, en collaboration avec son partenaire de Safesanté, créateur de la plateforme Ezra-Téléconsulation

Un tabagisme plus élevé à la campagne

La consommation de tabac varie selon le milieu de vie. Toutefois, on observe des différences significatives entre les zones rurales et urbaines. Des études montrent que le tabagisme est plus répandu en milieu rural

Par exemple, en Auvergne, la part de fumeurs quotidiens est plus élevée en zone rurale (26,7%) que dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants (21,8%). Chez les adultes, la tendance est similaire : les zones rurales affichent des taux de tabagisme plus élevés que les zones urbaines, avec une proportion de fumeurs intensifs (10 cigarettes ou plus par jour) plus importante en milieu rural (78 %) qu’en milieu urbain (61 %). 

Cela s’explique en partie par des facteurs socio-économiques. Les populations aux revenus modestes, plus présentes en zone rurale, présentent une prévalence de tabagisme quotidien plus élevée, atteignant 33,6 % en 2022. Ainsi, ces disparités géographiques et sociales soulignent l’importance d’adapter les politiques de santé publique pour lutter efficacement contre le tabagisme, notamment dans les déserts médicaux. 

>>> Lire l’article : Stop au tabac, novembre, le Mois sans tabac 

L’impact du tabac sur la santé : des chiffres clés

  • 30 400 décès annuels dus au cancer du poumon en France.
  • Le cancer du poumon représente plus d’un cancer sur dix.
  • Seulement 20 % des patients survivent cinq ans après le diagnostic.
  • Chez les femmes, l’incidence augmente de 4,3 % par an depuis 2010 (INCa, 2023).

Selon l’OCDE*, un programme national de lutte contre le tabagisme pourrait prévenir 4 millions de maladies chroniques et économiser 578 millions d’euros par an en dépenses de santé d’ici 2050. Chaque euro investi dans la prévention rapporte plus de 7 euros en économies médicales. Une prise en charge adaptée, même à distance est par conséquent une nécessité pour accompagner les patients dans leur projet d’arrêt du tabac. 

Téléconsultation et téléexpertise : une solution pour les fumeurs isolés

Face aux déserts médicaux, la téléconsultation offre un accès rapide et pratique pour les professionnels de santé. Elle permet aux fumeurs d’obtenir des conseils personnalisés, un suivi régulier et la prescription de substituts nicotiniques. Certaines plateformes de téléconsultation assurent un accompagnement 24/7 par des médecins généralistes et addictologues. Un soutien en santé mentale est également proposé. Pour les patients en zones rurales, la téléconsultation réduit les problématiques logistiques et le temps d’attente, tout en favorisant un suivi médical régulier.

La France n’a pas attendu l’arrivée de la téléconsultation pour expérimenter le suivi des fumeurs à distance. Dès 1998, la ligne “Tabac info service” (3989) a offert un accompagnement téléphonique personnalisé. Chaque année, environ 60 000 appels permettent aux fumeurs d’obtenir un bilan initial et jusqu’à 4 sessions de suivi sur six semaines. Le taux de sevrage atteint 25 %. Cependant, cette solution ne permet pas la prescription de substituts nicotiniques sur ordonnance.

Lire l’article : Mythes ou réalité, tout sur la téléconsultation 

Les apports de la téléconsultation et de la téléexpertise

La téléconsultation met directement le patient en relation avec un médecin, favorisant un échange et la prescription de médicaments. La téléexpertise, quant à elle, permet à un médecin traitant de solliciter à distance l’avis d’un confrère spécialisé (tabacologue ou addictologue). Ces pratiques garantissent un suivi complet, même pour les patients les plus isolés. 

À noter que depuis 2016, d’autres professionnels de santé, sages femmes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes peuvent également prescrire des substituts nicotiniques.

Bien sûr, la téléconsultation a ses limites : connexion parfois défaillante, absence d’examen physique et besoin d’un vrai soutien psychologique. 

Intégrer la téléconsultation dans un parcours global

Pour un accompagner au mieux les patients, la téléconsultation doit s’intégrer dans un parcours de soin global, associant numérique et présence physique :

  • Centres de santé mobiles ou bus santé : ils complètent la téléconsultation en offrant des bilans médicaux et un suivi sur place.
  • Maisons de santé pluridisciplinaires : elles permettent un suivi coordonné entre médecin traitant et spécialistes à distance.
  • Pharmacies locales : elles assurent la dispensation des substituts nicotiniques et un suivi ponctuel, même dans les villages isolés.
  • Applications et groupes d’entraide : le suivi numérique peut renforcer la motivation et créer un réseau de soutien.

Le Mois sans tabac, par exemple, multiplie par 5 les chances d’arrêt en combinant kits d’arrêt, suivi via Tabac info service et téléconsultations pour ajuster les traitements.

La téléconsultation est un outil intéressant pour accompagner les fumeurs dans les déserts médicaux. Cependant, elle ne peut se suffire à elle-même. Pour être pleinement efficace, il est nécessaire de combiner outils numériques, suivi physique et accompagnement psychologique. L’avenir du sevrage tabagique dans les zones rurales repose sur l’innovation hybride : technologie et présence humaine. Cette combinaison pourrait réduire l’impact du tabac, sauver des vies et améliorer l’équité en santé sur tout le territoire.

*OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)

Affiche stop tabac

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