Le rôle de pharmacien correspondant : implications et obligations

Un pharmacien correspondant est un pharmacien surtout territorial, désigné par les patients comme le correspondant, entre le médecin traitant et eux mêmes.

Quelles sont les missions du pharmacien correspondant ?

Le pharmacien correspondant renouvelle les ordonnances. Il est également habilité à modifier la posologie et l’adapter aux patients qu’ils connaissent bien. Cette possibilité est valable pour certains traitements.

Cet accès à la prescription est un élargissement des compétences du pharmacien. En effet, ce rôle existe depuis 2009, mais était rarement appliqué. Il donne aux pharmaciens correspondants une certaine indépendance, car il fait le lien entre le médecin traitant et le patient, et ce en particulier dans les déserts médicaux, ou dans les territoires où l’accès au médecin traitant est difficile.

Ce rôle a été simplifié et renforcé depuis la crise sanitaire.

En effet, les pharmaciens ont été largement mis à contribution dans la stratégie de dépistage et de vaccination contre le Covid-19 depuis le début de la crise. Les pharmaciens pratiquent quotidiennement les dépistages dès la commercialisation de ceux-ci, ainsi que les vaccinations dans leurs pharmacies.

De plus, certains pharmaciens sont équipés de bornes de téléconsultation permettant également de réaliser une téléconsultation, accentuant le rôle de pharmacien correspondant auprès des patients.

Un renforcement des responsabilités

Le pharmacien correspondant n’est pas obligatoire, au même titre que le médecin traitant.

Le pharmacien correspondant est désigné par le patient auprès de l’assurance-maladie. Il correspond à un “pharmacien titulaire d’officine, ou d’un gérant d’une pharmacie mutualiste”, d’après le Journal Officiel paru en 2009.

Les pharmaciens sont déjà habilités à renouveler périodiquement les traitements chroniques dans le but d’éviter une rupture de traitement. Avec cette désignation de “pharmacien correspondant”, ils pourront également ajuster la posologie du traitement.

Le pharmacien correspondant est libre de choisir cet état, et se fait sur la base du volontariat. Ce renforcement de responsabilité des pharmaciens pourrait permettre de lutter contre les déserts médicaux en faisant le lien entre le médecin traitant et le patient.

Les conditions à respecter dans l’exercice de pharmacien correspondant

1/ L’ordonnance médicale d’origine, rédigée par le médecin traitant, doit comporter la mention « autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou une partie des traitements prescrits » ainsi qu’une mention « autorisant l’ajustement de posologie de toute une partie des traitements. » si le traitement du patient le nécessite.

2/ Une restriction existe sur la durée totale de la prescription médicale et sur l’ensemble des renouvellements des traitements qui ne peuvent excéder 12 mois, pratiquées par le pharmacien correspondant.

3/ De plus, le pharmacien correspondant doit informer le médecin traitant que le patient l’a désigné comme pharmacien correspondant, et l’informer de tout changement de posologie du traitement.

4/ La pharmacie dans laquelle exerce le pharmacien correspondant titulaire doit avoir un lieu d’accueil sécurisé et confidentiel pour permettre la consultation en toute discrétion.

Une proposition pas toujours bien accueillie

Le président de l’URPS Pharmaciens d’Ile De France, Renaud Nadjahi, fait un bon accueil à cette proposition qui « permet de consolider l’intégration du pharmacien dans le parcours du soin. »

« Le pharmacien n’est pas un commerçant, c’est également un soignant. »

Toutefois, le docteur Jean-Paul Hortiz, médecin et président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF), estime que les pharmaciens correspondants ne devraient pas pouvoir modifier la posologie, ou seulement sur accord du médecin traitant du patient.

« Adapter une posologie est une décision médicale, n’oublions pas que chacun a un cœur de métier qu’il doit être respecter. Le pharmacien n’est pas celui qui prescrit. »

Qui est responsable en cas de complications ?

En effet, en cas de complications ou d’effets secondaires du médicament, qui en est responsable : le pharmacien correspondant qui a modifié la posologie ? Le médecin prescripteur ?

Cette question doit être envisagée, en particulier chez les patients âgés ou les patients à maladie chronique pour lesquelles plusieurs traitements sont indiqués et prescrits, avec des interactions à surveiller et à adapter.

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