Violences à la Pharmacie
Les violences contre les pharmacies prennent de l’ampleur ! Avec un bond de 12 % en un an et de près de 80 % en cinq ans, la situation devient de plus en plus préoccupante. Selon les derniers chiffres, 536 pharmaciens ont été agressés pendant leur travail en 2024. Ces attaques sont une réalité quotidienne pour ces professionnels de santé.
Une violence presque quotidienne pour les pharmaciens
Il ne s’agit plus seulement de disputes verbales. Les agressions physiques deviennent courantes dans les officines, que ce soit en zone rurale ou urbaine. Des clients mécontents ne supportant pas de se voir refuser la délivrance de certains médicaments ou frustrés par une prescription invalidée, n’hésitent plus à passer à l’acte. Nombreux sont les pharmaciens à faire état d’une banalisation de la violence. Le nombre de ces agressions monte en flèche, mais aussi l’intensité des menaces et des actes commis, comme en témoigne un récent incident à Morsang-sur-Orge, où une pharmacie a été prise pour cible par un individu armé sous l’œil des clients médusés.
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La réalité du terrain : sécuriser les officines
Face à cette violence quotidienne, les pharmaciens sont contraints de se protéger du mieux qu’ils peuvent. Caméras de vidéosurveillance, digicodes d’accès, systèmes d’alarme… Les officines se transforment en forteresses. Malgré des mesures de sécurité, les professionnels de santé doivent faire face à la peur dans l’exercice de leur métier. Ainsi, le recours à des armes de défense personnelles, comme des bombes lacrymogènes, devient de plus en plus fréquent parmi les pharmaciens. Cela démontre à quel point ils se sentent vulnérables et obligés de se défendre dans un environnement de travail devenant hostile.
Un projet de Loi pour renforcer la sécurité
Pour faire face à cette montée de violence, un texte de loi devrait être examiné au Parlement début mai 2025. Il propose la création d’un délit d’outrage spécifique pour les agressions envers les pharmaciens, sur le modèle de celui déjà existant pour les policiers et pompiers. Carine Wolf-Thal, présidente du conseil national de l’Ordre des pharmaciens, plaide pour des sanctions plus sévères : « Des sanctions pécuniaires, des travaux d’intérêt général, des mesures d’éloignement de la pharmacie. »
L’adaptation des pharmaciens face à la violence : une nécessité
Malgré les efforts législatifs et sécuritaires, il semble que la réalité sur le terrain pousse les pharmaciens à prendre les choses en main. Nombreux sont ceux qui suivent des formations spécialisées pour apprendre à gérer les situations de crise. Ces sessions sont vues comme une réponse pragmatique face à une situation qui devient explosive.
Cependant, un problème persiste : bien que les agressions soient de plus en plus fréquentes, seulement un tiers des pharmaciens agressés déposent une plainte. Cela montre un décalage entre la reconnaissance de la violence vécue et l’incapacité de la traiter juridiquement.
Quels défis pour les Pharmaciens ?
Face à cette violence grandissante, les pharmaciens sont confrontés à une série de défis complexes :
- La sécurité personnelle
Travailler sous la menace d’agressions fréquentes a un coût humain. Chaque jour, des pharmaciens vivent sous pression, redoutant une altercation qui pourrait déraper. Cela affecte non seulement leur bien-être mais aussi celui de leurs équipes. - La gestion des tensions avec les patients
Un autre facteur de stress : la gestion des refus de dispensation. Les pénuries de médicaments ou les règles strictes de prescription créent des tensions avec certains patients, qui ne comprennent pas toujours ces limitations. Ces conflits peuvent rapidement dégénérer. - La formation et la prévention
Face à l’augmentation des agressions, la prévention devient primordiale. Former le personnel à réagir calmement et à gérer des situations tendues est crucial. Mais cela nécessite un investissement continu et des ressources.
Les agressions contre les pharmaciens ne sont plus un fait isolé, mais bien une tendance lourde et inquiétante. Face à cette violence, les pharmaciens n’ont d’autre choix que de s’adapter, en renforçant leur sécurité et en se formant à gérer les situations tendues. La création d’un délit d’outrage spécifique pour les pharmaciens et la mise en place de sanctions plus sévères pourraient offrir un début de solution. Au-delà de la législation, c’est toute une société qui doit prendre conscience des enjeux de sécurité auxquels ces professionnels de santé font face, chaque jour.