Violence contre les médecins !

Vous n’êtes pas sans l’entendre dans l’actualité, la violence contre les médecins et les professionnels de santé de manière générale augmente ! Récemment, le Conseil national de l’Ordre des médecins a dévoilé des chiffres alarmants. La sécurité des médecins est en jeu ! En effet, selon son observatoire sur la sécurité des médecins, en collaboration avec Ipsos, le nombre de signalements de violence envers les praticiens a atteint un niveau record en 2022, avec un total de 1 244 cas recensés. Ce chiffre est le plus élevé jamais enregistré. Parmi les médecins victimes de violences, 71% sont des généralistes.

Violence contre les médecins : l’Observatoire sur la sécurité !

Depuis 2003, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et Ipsos publient l’Observatoire sur la sécurité des médecins. Cet observatoire recueille des données sur les signalements d’agressions envers les médecins et étudie leurs caractéristiques. Le constat est alarmant. Ces vingt dernières années enregistrent le nombre de déclarations le plus élevé. Bien que le Cnom estime que ce chiffre soit inférieur à la réalité, il offre un aperçu pertinent des types de violences auxquelles les médecins sont confrontés.

Signalement des violences au Conseil national de l’Ordre des médecins

Face à cette situation préoccupante, le Conseil national de l’Ordre des médecins encourage les médecins concernés à signaler tout acte de violence. Ce dernier dispose de référents qui peuvent prendre en charge les victimes, mettre à disposition un avocat et proposer une domiciliation au sein du conseil afin de préserver leur confidentialité. De plus, pour soutenir les professionnels de la santé touchés, des mesures d’écoute et d’entraide sont mises en place.

Des chiffres qui mettent en colère !

Les statistiques révèlent que les médecins généralistes sont les plus touchés par les violences. Ils représentent 71% des signalements, bien qu’ils ne constituent que 43% de l’ensemble des médecins. En revanche, les autres spécialistes représentent 29% des signalements, mais ils représentent 57% de la population médicale. Parmi les spécialités les plus touchées :

  • Les psychiatres (46 signalements) ;
  • Les cardiologues (37 signalements) ;
  • Les gynécologues/obstétriciens (26 signalements).

Les femmes médecins sont les plus touchées

En ce qui concerne le sexe des professionnels victimes de violences, 56% sont des femmes et 44% sont des hommes. Cependant, les étudiants en médecine ne sont pas épargnés, 2% des signalements proviennent d’internes, soit 21 personnes. L’analyse des agresseurs révèle que 58% des violences sont commises par des patients. Dans 1% des cas, les agresseurs sont armés. Cela soulève des inquiétudes supplémentaires quant à la sécurité. Parmi les armes utilisées, on retrouve :

  • Des cannes ;
  • Des couteaux ;
  • Des revolvers ;
  • Des armes automatiques ;
  • Des bombes lacrymogènes ;
  • Des outils contondants ;
  • Des balles d’arme à feu ;
  • Des bouteilles de gaz.

Ces chiffres soulignent la nécessité d’une prise de conscience et de mesures de prévention pour assurer la sécurité des médecins dans l’exercice de leur profession.

Des violences physiques mais aussi des violences verbales !

Outre les violences physiques, les violences verbales et les menaces représentent également un problème préoccupant. En effet, en 2022, on a recensé 906 cas d’agressions verbales ou de menaces. Cela correspond à une augmentation de 196 cas par rapport à l’année précédente. Ainsi, les vols, les tentatives de vol (10%) et le vandalisme (7%) figurent également parmi les incidents les plus couramment signalés. Les objets les plus fréquemment volés sont :

  • Les ordonnances ;
  • Les sacs à main ;
  • Les portefeuilles ;
  • Les cartes professionnelles ;
  • Les tampons professionnels.

Bien que la majorité des agressions n’aient pas entraîné une incapacité totale de travail (90%), 74 médecins ont dû prendre un congé de maladie à la suite de ces incidents, dont 22 pour des périodes supérieures à 3 jours.

Quels sont les motifs d’agression ?

Les motifs des agressions sont divers, mais certains schémas se dégagent. Dans 33% des cas, les agressions sont liées à des reproches concernant la prise en charge d’un patient. Dans 20% des cas, elles résultent du refus de prescription par le médecin. D’autres motifs incluent la falsification de documents (11%), les temps d’attente jugés excessifs (10%) et les vols (9%). Il est également alarmant de constater que 28 médecins ont été agressés pour avoir refusé de fixer un rendez-vous à un patient, 23 en raison de rendez-vous manqués et 11 pour avoir refusé d’être le médecin traitant.

La majorité des médecins ne déposent ni plainte ni main courante après avoir signalé un incident à l’Ordre des médecins. Seulement 6% déposent une main courante et 76% portent plainte. Cela peut s’expliquer par le fait que de nombreux agresseurs sont des patients, et que les médecins hésitent à recourir à la justice. En effet, ils privilégient la communication et la résolution des problèmes à l’amiable. Cependant, le Cnom encourage vivement les médecins à porter plainte, soulignant l’importance d’obtenir une réponse judiciaire adéquate face à de tels actes de violence.

Quelles sont les zones les plus touchées par les violences ?

Les données géographiques montrent que les incidents sont plus fréquents dans les centres-villes. 56% des signalements de violences envers les médecins proviennent des villes. Les zones rurales représentent 21% des cas et les banlieues 19%. Toutefois, il convient de noter que les médecins des banlieues ont signalé moins d’incidents que ceux des zones rurales ces dernières années, à l’exception de l’année 2020. Cette différence peut s’expliquer par une densité de population plus faible et une présence médicale moins importante dans les banlieues.

En ce qui concerne les départements les plus touchés, le Nord arrive en tête avec 191 signalements, suivi des Bouches-du-Rhône avec 98 signalements. Malgré tout, il convient de noter que ces chiffres peuvent être influencés par divers facteurs tels que

  • La densité de population ;
  • Le nombre de médecins exerçant dans la région ;
  • Les caractéristiques socio-économiques spécifiques.

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Quelles actions pour lutter contre les violences ?

Face à cette augmentation alarmante des violences envers les médecins, des mesures sont nécessaires pour assurer leur sécurité et prévenir de tels incidents. Le Conseil national de l’Ordre des médecins recommande plusieurs actions à entreprendre.

Former les médecins à gérer les situations difficiles

Tout d’abord, il faut renforcer la formation des médecins en matière de gestion des situations de violence et de communication avec les patients difficiles. Les professionnels de la santé doivent être dotés des compétences nécessaires pour désamorcer les conflits et faire face à des situations potentiellement dangereuses. Cela pourrait inclure des formations sur la gestion du stress, la communication non violente et les techniques de désescalade.

Sécuriser les lieux de consultations

En outre, il est crucial d’améliorer la sécurité des lieux de pratique médicale. Cela peut passer par l’installation de systèmes de vidéosurveillance, de boutons d’alarme d’urgence et de dispositifs de sécurité renforcés dans les établissements de santé. Il est également important de sensibiliser les patients et le public à l’importance du respect et de la tolérance envers les professionnels de la santé.

Mettre en place des sanctions dissuasives

Parallèlement, les autorités compétentes doivent prendre des mesures pour punir sévèrement les auteurs de violences envers les médecins. Des sanctions dissuasives doivent être mises en place pour dissuader toute forme de violence à l’encontre des professionnels de santé. Une coordination accrue entre les services de police, les procureurs et les instances médicales est nécessaire. Cela permettra d’assurer un suivi efficace des cas de violence et garantir que les auteurs soient traduits en justice.

Apporter un soutien psychologique et social aux victimes de violence

Enfin, il est fondamental de mettre en place un système de soutien psychologique et social pour les médecins victimes de violences. Ces professionnels ont également besoin d’un accompagnement approprié pour surmonter les traumatismes et retrouver leur confiance dans l’exercice de leur métier. Des groupes de parole, des consultations psychologiques et un accès facilité à des services de soutien doivent être mis en œuvre.

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