Mesures pour lutter contre les déserts médicaux

Dans la lutte contre les déserts médicaux, la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) propose divers contrats aux noms ronflants censés résoudre définitivement ce problème. Cet article se penche sur l’un de ces contrats, le CSTM (Contrat de Solidarité Territorial Médecin). Il met en évidence les nombreux écueils et les faiblesses de ce dispositif. Malgré ses bonnes intentions, le CSTM présente des contraintes décourageantes pour les médecins et offre des avantages financiers limités. De plus, d’autres contrats similaires tels que le PTMG, le CAIM et l’Option démographique ne parviennent pas non plus à résoudre efficacement la problématique des déserts médicaux. Cet article met en évidence la nécessité de réécrire ces contrats et d’adopter des mesures plus incitatives pour encourager les médecins à s’installer dans les zones fragiles.

Contraintes et limitations des médecins renforts

Le CSTM, en tant que contrat tripartite signé entre le médecin, la CPAM et l’ARS, vise à favoriser l’intervention ponctuelle de médecins conventionnés dans les zones fragiles identifiées par les ARS. Cependant, plusieurs écueils rendent ce contrat peu séduisant pour les médecins. Tout d’abord, le médecin renfort doit être installé en dehors des zones fragiles. Cela limite la participation des médecins déjà présents dans ces zones. De plus, le médecin renfort doit exercer au moins dix jours par an dans une zone fragile. Cela peut être difficile à concilier avec son activité principale. Le fait de devoir demander un RPPS spécifique pour la zone concernée et de facturer l’activité sous un numéro alternatif ajoute également des contraintes administratives supplémentaires.

En outre, le médecin renfort doit supporter les frais de déplacement et les contraintes horaires liés à son déplacement vers une zone fragile. Pendant ce temps, son cabinet principal continue de tourner sans activité, car il ne peut pas se faire remplacer s’il exerce en libéral. De plus, le plafond de 20 000 € par an limite les incitations financières et empêche les médecins de penser qu’à profiter du système.

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Des ajustements incomplets

Le manque d’engouement pour le CSTM a conduit l’ARS et la CNAM à apporter quelques modifications. Notamment en réduisant le nombre de jours minimum à 10 et en augmentant le bonus à 20%. Cependant, ces ajustements ne résolvent pas les problèmes sous-jacents du contrat. Il est clair que les décideurs ne comprennent pas les véritables défis auxquels les médecins sont confrontés sur le terrain. Des consultations plus approfondies avec les professionnels de santé seraient nécessaires pour trouver des solutions plus efficaces.

Délais de versement critiqués et avantages contestés

Le délai de versement des sommes prévu par le CSTM est également critiqué. Les médecins doivent attendre jusqu’au second trimestre de l’exercer dans ces zones, ce qui est déjà leur objectif initial.

Cependant, pour les médecins qui ne sont pas spécifiquement intéressés par une installation ou une pratique régulière dans une zone fragile, ces contrats ne présentent pas vraiment d’avantages attrayants. Les écueils mentionnés précédemment rendent ces contrats peu attractifs, tels que :

  • L’obligation de déplacement ;
  • Les frais supplémentaires à avancer ;
  • L’absence de remplacement possible dans leur cabinet principal ;
  • Les délais de paiement des aides ;

Vers des solutions plus efficaces

Il est compréhensible que les médecins soient réticents à s’engager dans de telles conditions. Cela ne leur offre pas de réelle incitation financière, mais cela crée également des contraintes et des complications supplémentaires dans leur pratique quotidienne. Les professionnels de santé ont besoin de mesures incitatives réellement attractives pour les motiver à s’impliquer dans la résolution des déserts médicaux.

Pourtant, il est évident que la problématique des déserts médicaux nécessite une attention urgente. Environ 6 millions de Français se retrouvent sans médecin traitant. Cela entraîne une surcharge des services d’urgence et une diminution de l’accessibilité aux soins de santé de base. Les propositions actuelles de la caisse d’assurance maladie, telles que :

  • Les soins non programmés ;
  • Les structures d’accès aux soins (SAS) ;
  • Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ;
  • Les assistants médicaux ;

Ne semblent pas suffisantes pour remédier efficacement à la situation.

Attirer les médecins vers les zones défavorisées

Il est nécessaire de prendre des mesures plus audacieuses et de mettre en place un véritable choc afin de restaurer la confiance des médecins et les inciter à s’installer et travailler sereinement dans les zones défavorisées. Pour cela, il est essentiel de les écouter, de les comprendre, de les aider et de leur faire confiance. Les professionnels de terrain ont une connaissance approfondie des réalités et des besoins de leur communauté, ainsi que leur implication active dans la recherche de solutions est indispensable.

Une réécriture du Contrat de Solidarité Territorial Médecin (CSTM) peut être envisagée pour le rendre plus attrayant et efficace. Voici quelques propositions :

  • Le médecin se déplace en zone fragile pour réaliser une journée de consultation en renfort. La CPAM lui verse une astreinte de déplacement de 100 euros pour compenser les frais supplémentaires engagés.
  • Le médecin utilise son numéro RPPS habituel et facture les actes médicaux effectués dans la zone fragile selon les tarifs en vigueur, avec une valorisation directe de 15 euros par consultation.
  • Le médecin peut se faire remplacer sur son cabinet principal pendant qu’il est en renfort dans la zone fragile. Cela lui permet de maintenir son activité régulière sans perte de revenus.

Il n’y a pas de nombre de jours minimum requis ni de plafond fixé. Cela laisse au médecin la liberté de décider de son engagement et de sa disponibilité en fonction des besoins locaux.

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Simplifier les contraintes

Il est crucial de libérer le soin en levant les contraintes administratives et financières qui pèsent sur les médecins. Cela implique notamment de simplifier les procédures de remboursement et de réduire les délais de paiement des aides. Les médecins doivent être assurés d’une rémunération juste et rapide pour leur travail dans les zones fragiles.

Parallèlement, il est essentiel de mettre en place des mesures incitatives supplémentaires pour encourager les médecins à s’impliquer activement dans la résolution des déserts médicaux. Cela pourrait inclure des avantages tels que :

  • Des formations continues gratuites ou à coût réduit ;
  • Des possibilités de recherche et de publication ;
  • Une reconnaissance accrue de leur expertise et de leur engagement ;
  • Des incitations financières supplémentaires, telles que des réductions fiscales ou des aides à l’installation.

De plus, il convient de favoriser une meilleure collaboration entre les différents acteurs du système de santé, tels que :

  • Les médecins généralistes ;
  • Les spécialistes ;
  • Les infirmières ;
  • Les pharmaciens ;
  • Les travailleurs sociaux ;

Renforcer et favoriser l’attraction des médecins

Les initiatives telles que les CPTS doivent être renforcées et soutenues afin de favoriser une approche globale et coordonnée de la santé dans les territoires.

Enfin, il est important de promouvoir une vision à long terme en matière de santé territoriale. Cela implique d’investir dans des infrastructures de santé modernes et bien équipées, de développer des solutions numériques pour faciliter l’accès aux soins à distance, et de promouvoir une médecine préventive et de proximité. Les incitations financières et professionnelles doivent également être orientées vers la fidélisation des médecins dans les zones fragiles, en offrant des possibilités de développement de carrière et de formation continue.

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