Retard de dépistage du cancer, les déserts médicaux en cause !
La France est en retard dans la prévention et le dépistage du cancer. C’est ce que révèle un récent rapport de l’Organisation Européenne du Cancer (ECO). En cause, les mauvaises habitudes de vie dont la consommation excessive de tabac et d’alcool mais pas seulement… Les difficultés d’accès aux soins sont aussi pointées du doigt. En effet, de nombreux Français vivent dans des déserts médicaux et ne peuvent se faire dépister à temps. Or le dépistage précoce joue un rôle essentiel dans la prévention de la maladie.
De mauvaises habitudes de vie pour les Français
Plusieurs campagnes de prévention ont vu le jour. Par exemple, le Mois Sans Tabac a rassemblé plus de 92 000 inscrits en 2023. Cependant, la France reste le deuxième pays où l’on fume le plus en Europe. Chaque année, le tabagisme tue plus de 48 000 Français. Soit 60% de plus que dans d’autres pays européens. Le rapport de l’ECO indique que 25 % de la population française fume des cigarettes quotidiennement, contre 18 % en moyenne en Europe.
Selon une étude du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) sur les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France publié en 2018, 4 cancers sur 10 seraient évitables. Des cas de cancers dont les deux premières causes sont une consommation excessive de tabac et d’alcool.
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Dépistage difficile dans les déserts médicaux
La pénurie de soignants dans les déserts médicaux aggrave le retard des dépistages de cancer. Une partie de la population française n’a pas d’accès suffisant pour se faire dépister à temps. En effet, 30 % de la population française vit dans un désert médical, affectant particulièrement les zones rurales et les populations âgées.
Le Docteur Julie Couture située à Barenton en Normandie avait d’ailleurs souligné le sujet lors du webinaire « Équilibre vie pro vie perso, comment faire pour un médecin », le 3 avril dernier. À la question « rencontrez-vous des pathologies spécifiques en exerçant la médecine en milieu rural ? » le médecin généraliste avait répondu « non, il n’y a pas de maladie particulièrement différente qu’en milieu urbain. Cependant, quand je suis arrivée, j’ai rencontré beaucoup de patients qui n’avaient pas consulté de médecin depuis longtemps. J’ai donc rencontré plusieurs patients avec des cas de cancer non diagnostiqué faute de dépistage à temps ». En effet, dans les zones rurales, nombreux sont ceux à ne pas consulter régulièrement faute de médecins généralistes installés.
Deux fois moins d’oncologues en France
Ainsi le manque de médecin prive la population de dépistage précoce du cancer. De plus, la France compte « deux fois moins d’oncologues que la moyenne européenne : 1,52 oncologue pour 100.000 habitants, alors que la moyenne européenne est de 3,24, rappelle l’ECO. Et 858 infirmières pour 100.000 personnes, contre 879 en moyenne dans le reste de l’Europe. De telles pénuries mettent en grave danger la survie et la qualité de vie des personnes affectées par la maladie ».
Par conséquent, l’ECO déplore un taux de dépistage insuffisant. Par exemple, le taux de dépistage du cancer colorectal en France n’est que de 34 %, bien loin des 80 % atteints ailleurs en Europe ». Et pour le cancer du sein, le taux de dépistage n’est que de « 46,9 % en France », contre « 54 % en moyenne dans le reste de l’Europe », indique le rapport. Ainsi, les déserts médicaux ont leur part de responsabilité dans le retard des dépistages des maladies. Les délais des rendez-vous, la distance géographique, le manque de médecins généralistes et spécialistes, mais également de sages-femmes dans le cas de la prévention des maladies chez les femmes participent au mauvais résultat de la France en matière de prévention.
Prévention des cancers évitables et dépistage précoce
Pour inverser la tendance, l’ECO a lancé le « Manifeste Européen contre le cancer ». Celui-ci prévoit des mesures pour mieux prévenir la maladie :
- Adopter « un âge minimum de 21 ans pour la vente de tabac, pour parvenir à une génération sans tabac d’ici 2040 ».
- Taxer les nouveaux produits à base de tabac et de nicotine »
- Augmenter « les taux d’imposition sur les cigarettes et le tabac ».
Ces points visent à réduire les cas de cancer évitables liés au mode de vie.
Des campagnes de prévention pour la vaccination sont aussi mises en place. Notamment, la vaccination contre le papillomavirus (HPV), responsable du cancer du col de l’utérus. À ce jour, la couverture vaccinale contre le papillomavirus est de 42% chez les filles de 9 à 14 ans, très loin des objectifs européens de 90%.
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